Assis dans un fauteuil quelque peu déchiré, il semble flotter sur son mât qui lui sert de logis.

Ce garçon courageux en guerre contre le troupeau conformiste
A élu domicile dans ce jardin, près du champ de blé, de groseilles, de framboises, et de la petite haie de houx.

- Pas de trêves ! Hurle-t-il aux Français qui franchissent sa pelouse

Parfois, il offre un bouquet bleu aux belles de passage, fleurs grappillées ici ou là.

Les jolies ondines, en offrande, garnissent alors de petits paniers d’osier tout gris avec des coupelles de flan, des gaufres sucrées ou du gibier qu’elles ont dérobé à leurs époux chasseurs.

Lui dans son arbre, il est alors heureux de déchirer à belles dents ces victuailles, de pourlécher les desserts sucrés.

- C’est comme une hotte de Noël ! Chante-t-il à mi-voix tout en flottant tel un éperon de navire.

Le soir venu, il guette dans son hêtre, les laids imbéciles qui veulent le soigner. De stupides insectes à qui, il lance des insultes du Pays d’En Haut :

- Honte à vous ! Écailles de hareng ! Orgueil de guerre ! Héron de poche ! Griffe à gant !

Puis il cherche le sommeil, pour s’endormir il trotte encore un peu sur son arbre, il galope de branche en branche et il trouve son nid.

Il s’endort heureux.

(Beaucoup de mots français ont pour origine le francisque, la langue des Francs. Dans ce texte nous en comptons 46)