Au pays fondateur de la démocratie, il est de nos jours, des traditions claniques vraiment surprenantes.

Ainsi, cette fête annuelle de village où seuls les plus riches dansent au son d'un orchestre qu'ils ont payé, débouchant des bouteilles qu'ils posent au sol pour montrer leur opulence et faisant claquer des coups de feu de temps à autres.

Ces danses se font quasi-exclusivement sur un rythme lent, le tsamiko. Les danseurs se tiennent par la main, et seul le chef de file développe des figures alors que les autres participants ondulent sur un rythme lent, trois fois à droite, puis une fois à gauche et ainsi de suite.

Tout cela est très ritualisé. D'abord le chef du clan, puis les hommes, enfin les femmes et les plus jeunes mèneront la danse tout à tour.

Cela dure presque toute la nuit.

La quasi-totalité des villageois regardent, attablés par famille, dégustant de succulents morceaux de chèvre grillée, grignotant des salades de tomates, d'oignons, de poivrons et de feta, ou buvant un vin rouge léger aux arômes fleuries, de la bière Amstell, de l'ouzo ou du tsipuro.

L'atmosphère est bon enfant mais on perçoit une frustration ici et là, de ne pouvoir participer aux danses qui émanent du klarino, du sandouri, des percussions, de la guitare basse et du duo de chanteurs.

Pourtant, hier soir, une petite révolution s'est déroulée devant nos yeux.

Un peu à l'écart, quelques jeunes gens se sont mis à danser, discrètement, puis nous les avons rejoints, puis d'autres encore, de plus en plus.

Au rythme du tsamiko, du zeimbékiko, du kalamatianos et du syrtos… les mains se sont tendues, les rires se sont mêlés, les regards se sont unis.

Inoubliable soirée.