Dans notre bourgade de Lalmanach Vermot, au sud de la Bretagne, nous avons une fâcheuse tendance pour cataloguer les gens en deux ensembles opposés. Tout d'abord, celles et ceux portant barbe ou moustache (nous les nommons les velus) et les autres, donc les rasées, les doux au toucher quand on leur caresse la joue, et les pré-pubères. Ceux-là nous les appelons les glabres.

Ceux dont le rasage est personnel, donc mal rasés, sont catalogués dans le clan des barbus. Étonnant, je l'admets. Bah ! Coutume celte.

Notons que les barbus se déplacent souvent en rasant les murs, ce que les glabres déplorent un peu.

Seconde anecdote : les velus ne peuvent pas sur nos routes s'adonner au sport de Lance Armstrong . On ne tolère pas de velus à vélos. C'est même un cas de P.V pour nos forces de l'ordre. Etonnant, non ?

Je vous sens quelque peu énervé(e) par tout ce que je vous raconte là.

Certes… sachez que les us et coutumes locales, ça ne se change pas comme ça, d'un coup de baguette enchantée !

Donc, les velus et les glabres.

Un homme, un seul… en l'occurrence une femme, une seule, adapta tout cela et cassa ces préjugées d'un autre temps.

Un jour, notre experte en brosses, coupe-choux et autres objets à pelage ras et cheveux courts, experte cataloguée dans le clan des glabres (elle est douce au toucher, je vous assure), décréta une journée du tatouage sur peau et sur joue. Sur joue plus que sur peau.

Un peu comme pour Halloween, elle décréta une journée à thème pour son faubourg.

Donc, notre commerçante experte en laque, gel nacré et parfum mentholé, sculpta sur les faces des jeunes et même des plus âgé(e)s, de belles volutes, de superbes ornements… un tas de belles parures.

Elle exécuta des crayonnages de peau aux contours secrets et un peu occultes. Elle opéra en même temps, une sorte de danse surprenante et surnaturelle, tout autour de ses camarades de jeu. Elle lustra leurs atours.

Et comme, toutes celles et ceux, passant entre ses pognes expertes eurent du succès en amour, du bonheur à revendre, de l'allégresse débordante, du contentement en surabondance et de la volupté sensuelle avec leur compagnon ou leur compagne… Les velus demandèrent à être rasés de près… de sorte de posséder toutes ses vertus.

Dès lors, notre beau hameau ne possède plus que des personnes à peau douce et lustrée et notre commerçante accumule fortune et renom. Les gens se rasent (et se pomponnent) seulement chez notre "celle-dont-on-de-peut-pas-évoquer-le-nom".

- Mr Potter, elle demeure célèbre au-delà de la Grande-Bretagne !