Il promenait un sourire discret sur la pièce. Il semblait flairer quelque chose, une fragrance adipeuse ou un parfum diffus, voilé, tamisé et imprécis.

L’atmosphère pesante, imperméable aux bruits du dehors semblait inappropriée, peut-être à cause de l'ombre d'Humphrey Bogart qui se profilait sur une sorte de masque africain. Pendu. Comme le mort. Quelques gouttes de pluie sur la vitre enrichissaient le silence.

Autour de la table massive, se tenaient 3 autres personnes qui avaient été convoquées.

D’abord, Mrs. Carrolls. . Belle comme un épi de maïs qui aurait blondi tout l’été, élégante dans une robe fourreau noire. Elle jouait sur son physique comme on distribue des cartes au poker. Avec sûreté et flegme. Très britannique.

Jean était presque immobile. Il semblait prostré dans une attitude de moine en prière. Il baissait les yeux.

Virginia, grande fille aux cheveux clairs distribuait ça et là des regards étonnés. Elle naviguait d’une personne à une autre avec gourmandise et minauderie. C'est elle qui me connaissait le mieux.

L’inspecteur déclara : "Le crime a été commis le soir, après le repas… La chemise de la victime sentait le chocolat… or l'un d'entre vous est un spécialiste… un gourmet… un expert en la matière."

Tout le monde se toisait. La gourmandise perlait en grosse gouttes de sueur froide. Un ronflement rauque dans la chambre.

Le policier sortit un papier de sa poche. Un papier doré. Un rugissement sortit de sa gorge.

Il déplia la feuille avec lenteur et me fixa. Il renifla. Muffle aux aguets. Prêt à égratigner.

- Quel chocolat ? dis-je

- In a Lonely Place… chuchota O'Malley.

Tous les visages se tournèrent vers moi. Ils connaissaient tous mon addiction pour les produits cacaotés, ceux à l'arôme tenace.

Un cri dans le couloir… Des pas… Un éclair dans mes yeux…[1]

Notes

[1] Texte rédigé pour le Coïtus Impromptus II