Elle s'approche avec prudence
Se retourne une dernière fois
Relève le col de son manteau
Sa main gantée saisit une sorte de griffon de cuivre et frappe sur la porte en bois

Trois coups brefs...

Des pas... puis le silence

Elle saisit une petit clef en argent qui se trouve au creux de son cache-cœur
Elle fait jouer la serrure d'un geste huilé

La porte s'ouvre.

Un odeur d'encaustique et le bruit d'un piano dans le fond du salon

On joue la valse en fa dièse mineur de Frédéric Chopin

Elle marche avec assurance
Ses talons aiguille picorent le parquet ciré
Quelques lattes de bois miaulent...

Rythme à trois temps...

Elle fait glisser son manteau
L'abandonne sur le sol
Puis déclipse son horizon de dentelle
Il glisse le long de ses éclipses puis tombe inerte dans un feulement de caresse de bois.

On la regarde.
On continue à faire jouer des doigts sur l'ivoire et l'ébène

Elle sourit, puis dégraffe sa riche duveteuse...

La voilà presque comme un horizon qui perle
Bercée par la musique
Elle chaloupe dans la pièce. Son écume se hérisse. Son velours s'humidifie. Elle cherche une peluche.

Silence.

Seul le rythme de son horloge interne.

Le clavier se referme.

Elle cherche du regard
Voit une ombre qui se faufile, qui disparaît, qui se désincarne...

Elle reconnait le goût du souffle sur l'arc de son imaginaire
La pulpe d'une orange
Quelques mots murmurés à sa mémoire
Un feulement baroque,

Silence

Des mains apprivoisent sa hampe, ses détours, ses cyclones, sa galaxie...

Silence

Désir ardent de silence
De quiétude
D'émotions
Et de chaleur qui s'engouffre sous les liens de sa peau

Elle vit ce partage comme une sève qui monte
Comme l'ultime chavirement toujours recommencé

Photo "extraite" de Corpscircuits.canalblog.com, qui servait de support au jeu de Paroles Plurielles.

(Ce texte est un texte que j'avais déjà présenté ici et que j'ai un peu remanié pour l'adapter à la consigne : "Vous écrivez un texte érotique court dans lequel tout est suggéré par métaphores ou périphrases...")