Comment raconter mon rêve en deux cents mots ? Deux cents mots pour un ensemble de sensations, pour un sentiment d’être ici sans y être, pour une aventure au-delà des phrases et des syllabes alignées, pour un péristyle adverbial, pour une lagune de coordination, un mystère de pronoms impersonnels.

Comment décrire l’horizon qui se fusionne dans un océan en tempête, comment s’assurer que les adjectifs sont doux à entendre, que les verbes sont suffisamment forts, que les tournures de phrases sont subtiles comme les yeux des filles, comment prédire avec des phrases les mélopées des marins épris de liberté, comment dépeindre les cils des nuages, comment les nommer, comment s’émouvoir comme j’ai été ému, comment ?

En écrivant avec une plume trempée dans des larmes, en imaginant un pinceau de mots mouillé dans un éclat de rire, dans un soupir, dans une caresse de points de suspension ou de points d’exclamation ?

Ah ! Faire frémir les points d’interrogation ! Faire vibrer les adverbes, les noms communs, leurs prépositions et les virgules !

Je m’interroge vraiment sur ma capacité à écrire cela.

Mais… Est-ce que la solution ne serait pas la poésie tout simplement.

Elle seule peut retranscrire nos rêves.

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