Hier soir, nous avons assisté au Théâtre National de la Criée de Marseille a une lecture- mise en espace d'un manuscrit d'une jeune auteure aixoise Nathalie Fauvel.

Le théâtre reçoit tout au long de l'année des manuscrits envoyés par les auteurs. Pour chacun de ces textes est élaborée une fiche de lecture qui est transmise au créateur, ce qui permet le dialogue et l'échange.

Quelques unes de ces fiches font l'objet d'une représentation unique en entrée libre. L'occasion du rêve et d'un éventuel tremplin.

Hier donc, la pièce s'intitulait "Museum Feminae ou la dernière espièglerie de Virginia". Elle était interprété par 3 comédiens excellents (Guillaume Clausse, Stéphanie Fatout et Jacques Hansen) et par l'auteure elle-même (parfaite dans son rôle).

Une lecture -mise en espace est comme son nom l'indique une vraie lecture, c'est à dire que les personnages sur scène lisent le manuscrit (au loin, on voit le stabylotage, c'est émouvant), mais il y a le décor, les costumes et l'ambiance audio-visuelle. Le tout est présenté au public qui devient assistant dans les deux sens du terme, il participe à la lecture mais il aide aussi à concrétiser le texte dit. Tout cela apporte beaucoup d'émotions et de complicité.

L'histoire se déroule dans un lieu imaginaire : le Muséum Feminae.

Dans ce lieu, 2 personnages (Aristophane (homme mûr) et son jeune disciple Clément) dirigent l'endroit. C'est un musée un peu spécial puisque y sont exposées des têtes de femme (des plus illustres aux plus anonymes)… Aristophane est le directeur de l'endroit. Il vit dans l'idée que la femme est détruite par la société et par l'homme. Il la respecte tant, qu'il souhaite conserver une preuve de son existence. Son disciple boit ses paroles, mais demeure plus ouvert. C'est le musée des souffrances de la femme.

La pièce maîtresse et unique (car vivante) du lieu, c'est une sorte de représentation virginale (Virginia toute blanche habillée), le chef d'œuvre de ce conservateur de musée, le seul personnage qui possède une tête comme les autres mais encore attachée à un corps et vivante. Elle est dotée d'une conscience et de rêves parce que ce personnage là rêve sa vie au lieu de la vivre.

Pour la protéger, Aristophane la maintient prisonnière attachée à un fil symbolique.

Au cours de la pièce, ce personnage va évoluer, tout comme la Statue de Pygmalion, pour se libérer, connaître la vraie vie, l'amour, les aléas de l'existence.

Elle se révolte, s'amourache de Clément et se libère.

L'ensemble du texte est remarquable. Pas mal d'humour ici et là (j'entends encore des phrases qui résonnent comme "Mettez un chapeau sur une tête et la voilà habillée !", de grandes envolées très élégantes, une parole forte et une critique très bien construite du monde dans lequel nous vivons.

Voilà pour la pièce.

Petite anecdote de la soirée. En récupérant les billets de réservation (c'est gratuit mais on pouvait réserver), j'observe juste devant moi, un groupe de personnes. Dans ce groupe, je remarque Charles Berling.

Nous entrons dans la salle que l'on appelle ici "Le Petit Théâtre", nous nous installons au troisième rang plutôt vers le centre.

Surgit alors le groupe de personnes croisées à la billetterie et Charles Berling s'assoit à côté de moi.

Ce comédien a été d'une attention inouïe lors de la représentation, on sentait qu'il vivait chaque mot qu'il devait vraisemblablement découvrir à cet instant

Ce gars a été exemplaire dans son attitude.

Puisque j'y suis… J'imagine que Nathalie Fauvel cherchera peut-être un jour sur le web si quelqu'un a parlé de sa belle pièce.

Si elle tombe sur ce billet, qu'elle sache que les commentaires sont là pour que chacun s'exprime… Qu'elle n'hésite pas à prendre la plume (le clavier) ici… Son travail est de qualité et mérite qu'on en parle.