Éperonné très jeune, je fus longtemps son chevalier servant. Elle fus ma muse haute.

Un jour, je lui dis :

- S'en est trop ! Tu ne me mettras pas au pas ! Hue !

Dans un long hennissement, elle me rua dans les brancards, et devint infirmière à Arras.[1]

Mangeait-elle du crottin avec sa salade[2] ? En tout cas, elle arborait une magnifique queue de cheval[3]

Que la plus noble conquête de l'homme, qui répondait au doux prénom d'Isabelle, devint infirmière à Arras, rien n'est moins sûr... Moi j'ai entendu dire qu'elle partit en cavale après que tu lui aies dit :

-" Certes tu es un canon mais aussi une vraie ganache !

Prenant alors le mors aux dents, Isabelle aurait hurlé:

- " Espèce de rosse ! Ah c'est bien typique de vous les hommes ! Quel toupet! Pour vous une belle femme est forcément un peu bourrique , c'est ce que vous disiez déjà de Bardot !

Isabelle monta sur ses grands chevaux et dit :

-" Gare aux chevaliers servants ![4]

Alors, grippé, ayant une fièvre de cheval, je compris, mais un peu tard, qu'il fallait mettre le pied à l'étrier et entamer à petits pas un vrai régime sans sel(le)[5]

Une fois guéri, je pris donc à fière allure le chemin vers Vincennes. Le jarret frais, je me sentais soulagé de cet ancien amour t-hippique (typique) des amants soumis. A moi les décisions, éloigné de ma harde, libre enfin ! Et en voyant les épaules frémissantes d'une compagne de voyage, je me sentis l'âme d'un pur sang. Elle avait la voix divine d'un colibri, le regard d'un piaf, les gestes effarouchés d'un moineau, il faudra que je l'apprivoise. Cela me changera de ma jument rétive.[6]

Sa crinière sauvage me fit hennir de joie ..[7]

Notes

[1] obni

[2] mercedes

[3] Tisseuse

[4] Claudune

[5] obni

[6] Dom

[7] Mercedes