Tout d'abord, une chose est essentielle chez moi. Le droit de vote.

Ce droit est ancré au plus fort de mes tripes. Je n'ai jamais raté un seul scrutin depuis que je suis en âge d'effectuer ce devoir citoyen. J'ai voté à des referendums, à des présidentielles, à des cantonales, à des régionales, à des européennes, à des prud'hommales, à des élections mutualistes, à des choix de désignation de parents d'élèves… Bref, je n'en rate pas une. (Je sais, c'est une phrase à double tranchant)

Donc votez ! Votez blanc si ça vous chante mais vos thés ! À l'amante, à la bergamasque, au jasmin !

Pourquoi donc cette boulimie de votes ?

Parce que tout ça n'est jamais acquis à vie. Il y a des pilleurs de démocratie qui rodent de nos jours. Parce que ce droit fondamental a été obtenu dans le sang et que c'est l'honneur de la République. Et je suis républicain comme mon père l'était, lui qui a versé son sang pour défendre des idées. Lui qui était né de l'autre côté de la Méditerranée et qui a failli perdre la vie lors de la Bataille de Monte-Cassino.

Ce dimanche, je ne voterai pas pour des extrémistes, pour un nationaliste à couleur brune, un autre à cotte de maille … Pour un centriste orange de droite, pour un chasseur, pour un paysan intellectuel qui se prétendait en dehors des circuits politiques, pour une écologiste qui n'avait pas compris le drame breton lors de la dernière marée noire, pour un type zarbi qui se réclame des maires ou pour un gars qui vendrait son âme et sa famille pour être élu. Je voterai utile.

Je suis profondément de gauche depuis toujours, et je ne voterai pas pour la candidate qui aurait eu ma préférence pour un premier tour. Je crains en effet le pire… Le Pire. L'éructant, le xénophobe, le puant, le gerbeux, le triste joueur de mots.

Je voterai pour une femme, pour les idées qu'elle défend, pour sa fragilité à commettre des bourdes verbales (mais qui n'en commet pas ?), pour son élégance à porter son verbe. Elle porte un projet. Elle apporte la nouveauté.

Non, je ne suis pas d'accord avec tout ce qu'elle propose. Mais qu'importe. À un certain moment, on se détermine sur une vision du monde.

Et j'aime cela.

Je voterai donc pour Ségolène Royal.