Autant le dire tout de suite, ce moment passé avec André Markowicz fut extraordinaire. Nous devions être une centaine de personnes, pour la grande majorité ne parlant absolument pas le russe. L'idée d'André Markowicz était de nous faire comprendre la réelle difficulté d'un traducteur face à des textes qui reposent en grande partie sur l'histoire du pays, sur la sonorité des mots et sur les interprétations que chacun peut en faire.

Il a raison. Il en est de même pour la littérature grecque (je pense à Séféris) ou pour la poésie sud-américaine (que je connais un peu).

La traduction est illusoire. Elle demeure utile mais incomplète. Hier, nous nous sommes trouvés face à un homme, d'une sincérité exemplaire, chargé de désarroi, puisque pour lui, apprécier Pouchkine ne peut se faire qu'en russe. Il refuse à pour cela de traduire les poésies en prose de l'auteur.

À ce propos, il va falloir que je lise autre chose que la Dame de Pique (œuvre étudiée par mon fils cette année).

Autre propos extraordinaire : pour juger une traduction il faut pouvoir lire toute l'œuvre traduite par une même personne. C'est vrai, il n'a pas tord puisque dans la traduction, l'auteur s'efface un peu face au poids des mots. André Markowicz a traduit toute l'œuvre de Dostoïevski. C'est de cette façon là qu'on peut juger une œuvre étrangère.

L'écoute de l'assemblée fut inouie, la conférence ardue mais ô combien riche d'enseignements. Nous nous sommes régalés.