L'étendu devant moi est infinie. Tout est blanc de brume. J'avance un peu. J'ai peur. Où est le devant, où est l'arrière, le haut, le bas ? J'ai beau me retourner. Rien. Je regarde mes pieds. Ils sont bien là. Je cours maintenant. Mon cœur s'accélère. Il bat fort. Au loin, un point noir se dessine. Il se matérialise peu à peu en une forme.

J'ai au moins maintenant un but à atteindre ! Il grossit peu à peu. Puis de plus en plus ! Est-ce un objet qui bouge lui aussi ? Je vais bientôt l'atteindre. J'y suis presque. Je le touche. Je l'observe.

C'est une sorte de planche sombre. Peut-être en métal. Non ! C'est du tek. Je le renifle. Il sent bon.

L'objet est un panneau de bois rectangulaire. Je le manipule un peu. Je le caresse. C'est doux. Il pivote. Il n'est nullement fixé à quelque chose. Il vole en suspension dans l'air.

Une inscription apparaît à la peinture rouge : "Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée". La peinture est fraîche. Je prends un peu de couleur avec mon index. Je lèche mon doigt. Ça a bon goût ! Ce n'est pas de la peinture ! C'est salé.

Je dessine un rectangle couleur sang devant moi, comme quand les mômes jouent avec la purée. Je pense aux pâtes en forme de lettres ! Aux flaques d'eau qui mouillent les chaussures !

J'ai une idée ! Avec ma paume ouverte, je vais faire semblant de pousser devant moi, à l'intérieur du rectangle. Une porte irréelle se matérialise et s'ouvre.

La mer éclabousse de vie les quelques galets qui s'amoncellent. Il fait vent, eau, terre et feu.

Je me retourne et je te vois. Tu lis un texte et tu me dis : "L'étendu devant moi est infinie… "