L'autre jour, j'ai pris le TGV.

Ambiance feutrée de fin de vacances. Un marin entre dans le wagon et s'asseoit à mes côtés une corde à la main.

À un certain moment, la conversation démarre au sujet de ce bout de chanvre, des nœuds pour les navires, du quai, des voiles, des marées, des chalutiers…

Il me dit :

- Voici un boute en train.[1]

J'ai cru à un peu de détente pour ce voyage, lorsqu'il se met à m'expliquer qu'il a vu un gênois en difficulté ! je m'inquiète immédiatement de cet italien inconnu, mais le marin me regarde alors avec des yeux de merlan frit…[2]

J'étais larguée[3], et c'est quand je me suis mise à lui parler de morues qu'il mordit à l'hameçon[4]

Les cordes il les aimait plus que tout[5], il chavirait devant leur démarche chaloupée[6]

Qu'appelait-il les cordes ? La pluie ? Je m'interrogeais[7]

- Marin d'eau douce !! m'entendis-je crier soudain[8]

Voyant mon embarras, rouge que j'étais comme un phare par une nuit de tempête, il m'expliqua que les cordes étaient ces femmes lianes qui vous attachent le corps et le coeur mieux que des amarres, dotées de voix dignes de la criée.[9]

- Aaaaaaah, des cornes de brume, dis-je ![10]

Ce marin m'avait tout l'air d'être un marin-pécheur... je décidai de profiter de cette occasion juteuse en lui sussurant à l'oreille :

- " Des sous, marin... en échange de mon silence ... sinon je mets ta femme au courant, marin ! "

Il n'eut cure ( comme il se doit marine... ) de mes menaces et s'exclama : Toi tu me les brises ! ( marine ...) et tu colles ( marin...)

Parvenus au terme de notre voyage ferroviaire, le marin mit son pied - marin - sur le quai ... et quelle ne fut pas ma surprise de constater qu'il était attendu par une foule bigarrée qui à sa vue s'exclama :

- Sel marin ! Sel marin ! ... mais il s'évapora plus rapidement que l'eau de mer par temps caniculaire ...[11]

(Merci à toutes pour ce récit à plusieurs voix)

Notes

[1] obni

[2] Tisseuse

[3] Anita

[4] Mer

[5] obni

[6] Tisseuse

[7] obni

[8] Mer

[9] O-Plus

[10] Tisseuse

[11] Claudune