5 comédiens (Jean-Marie Frin, Arnaud Décarsin, Luc Tremblais, Laurent Montel, Dominique Compagnon) interprétant des personnages politiques (De Gaulle, Pompidou, Fouchet etc.), tout de sombre vêtu, déambulant dans un décor constitué principalement d’armoires immenses et de rares accessoires : une table, quelques chaises, un parapluie, des cintres. Seul le jeu des acteurs, les effets de lumières et la mise en scène.

Au départ, je m’étais dit qu’une pièce mettant en scène De Gaulle, Fouché, Peyrefitte et Pompidou sur des textes principalement issus des carnets de Jacques Foccart, ce n’était pas gagné d’avance pour moi !

En définitive, je n’ai pas été déçu. Mais alors pas du tout !

La pièce fut captivante et le débat qui suivit intéressant par ses intervenants mais aussi par la réaction du public (on sentait bien qu’il y avait des gaullistes convaincus, des soixante-huitards nostalgiques, des professeurs, des personnalités ronflantes, des historiens…). Bref, un cocktail assez détonant et particulièrement savoureux pour le loufoque que je suis !!

La pièce fut à la fois témoignage et satire. On y ressentit la peur panique d’un pouvoir qui vacillait, le décalage entre réalité, le ronron des puissants, le chapelet de décisions que l’on prenait à la hâte, mais aussi coup de bluff et les renversements de situation. Ce fut un spectacle qui se joua sur le mode tragique et factuel, mais aussi sur le rire. Ah ! Ces personnages (dont le Chef de l’Etat qui exécutaient une sorte de ballet) se trémoussant tels des pantins !

La mise en scène fut de qualité : des armoires -immenses- qui tour à tour devinrent barricades, chambres, salons, lit, cabines téléphoniques, écrans de télévision… Des comédiens campant avec brio des personnages politiques… Évoluant de la panique, au discours décalé, à la solennité de la fonction, etc.

Le débat montra qu’il restait encore dans la population des inconditionnels du Grand Homme (parmi les spectateurs), ils ne voyaient que pastiche et insolence, là où il n’y avait que regard lucide et contemporain. Une certaine analogie avec les événements que nous vivions était une évidence pour beaucoup. Animé par un journaliste de France Culture, divers intervenants, notamment un amiral qui fut l’aide de camps de De Gaule à Baden-Baden, Antoine De Gaudemar (un de mes profs d’économie lorsque j’étais étudiant) et Jean-Louis Benoit surent trouver les mots justes.

Je conseille ce spectacle.