Le pays sera contre le mur dans moins de quinze jours.

Le bonimenteur sera-t-il en tête du premier tour, montrant qu'il n'est pas compliqué de manipuler l'opinion, qu'il est facile de faire oublier les erreurs, le mépris, la casse, le clan, l'incompétence, les affaires…

Aura-t-on voté utile à gauche, renonçant ainsi -pour beaucoup- à leurs propres idéaux pour une social-démocratie tiède, de compromis si ce n'est de compromission, recherchant le consensus, parfait bouc émissaire d'une austérité à venir qui fera le beau jeu du retour des pires conservateurs, ceux qui se repaîtront de la dépouille d'une certaine idée de la gauche, facilitant l'amalgame.

Le parti de la honte - celui qui a tout raté lorsqu'il a été au pouvoir dans les municipalités qu'il avait conquises (on l'oubie trop souvent) - aura-t-il devancé le vrai parti inscrit dans la gauche[1], courant de pensée où est né l'espoir, la liesse, celui qui a proclamé la nécessité d'une autre façon de concevoir la République, qui aura expliqué avec brio les enjeux économiques et l'importance de l'humain. Celui qui -seul- proclame une constituante démocratique et un vrai partage des richesses.

L'homme du sud-ouest aura-t-il obtenu un score à deux chiffres ? À mes yeux, cela n'aura strictement aucun intérêt pour le pays, il ne peut que renforcer le pôle social-démocrate dont j'ai parlé plus haut. Face à une crise du système, ce courant de pensée ne peut servir que de force d'appoint. Tiédasse et inconsistant.

Y aura-t-il des surprises le soir du 1er tour ? Le sanibroyeur médiatique aura-t-il eu gain de cause ? Le deuxième tour idéalisé sera-t-il en pointe de mire ? Sans doute j'imagine.

Le pays sera contre le mur.

Contre le mur cela veut-il dire au pied de celui-ci, un autre mur sera-t-il érigé, celui de la honte, franchira-t-on un mur pour montrer l'exemple, le fera-t-on chuter, sera-ce un mur de lumière comme un feu d'artifice dans un ciel étoilé, sera-t-on propulsé contre lui en une sorte de crash-test néo-libéral ?

Pour ce qui me concerne. en mon âme et conscience j'aurais déposé un bulletin sans avoir eu recours à une réflexion à trois bandes. J'aurais voté sur mes idées, seules mes idées, sur ma conviction et je n'aurais suivi ni consignes, ni influence des uns et des autres.

Pour moi la démocratie est ainsi faite, j'en accepterai le résultat. Je me préparerai à l'éventualité de voter contre un candidat plutôt que pour une adhésion à des idées, mais au premier tout je respirerais la jouissance d'avoir pu être libre de mon choix. Peut-être pour l'ultime fois. Allez savoir. La vie est courte, mon temps passe si vite….[2]

Notes

[1] Celle de Jaures

[2] J'espère ne pas avoir blessé quiconque en rédigeant ce billet d'opinion. Si c'était le cas, j'en serais désolé au plus haut point La consigne m'a donné envie d'écrire ce que je ressens en toute honneteté