Hier soir alors que les résidents étaient en train de manger dans la salle de restauration, je l'ai retrouvée dans sa chambre. Elle était trop faible pour rester en salle avec les autres.

Une aide-soignante la nourrissait à la cuillère. Tranquillement et avec douceur.

Je lui ai dit que j'allais m'en occuper. Elle m'a dit qu'elle avait bien mangé.

Elle avait les yeux clos. Très affaiblie. Ne bougeant presque plus. Inerte. Deux petits sparadraps sur sa jambe à hauteur du fémur rappellent son opération.

Elle continue à s'alimenter mais s'affaiblit de jour en jour. Ne parle plus. Ne regarde plus rien. Très pâle.

Sauf une main qui se lève, tremble beaucoup, s'agite d'un mouvement répétitif.

Je prends alors sa main, la caresse, lui parle… Mais rien. Sauf peut-être qu'elle ne tremble plus pour un petit moment. Puis ça recommence.

Je place ma main dans la sienne. Rien. Elle ne la serre pas. Mais elle est tiède, les veines sont mal en point à cause des piqures en tout genre.

Pas facile. Combien de temps cela va-t-il durer ? Comment réagirait-elle si elle avait conscience de cela ?

Cette fin de parcours est un drame.

Elle a toujours eu peur de la mort. Là, elle ne s'en apercevra pas. Je pense. J'espère.

À un moment, je lui ai murmuré à l'oreille -à propos de la compote que je lui donnais- : "Est-ce que c'est bon ?"

Elle a hoché un peu la tête et a replongé dans un sommeil léthargique.

J'ai remarqué qu'elle fait cela quand elle entend une parole.