Comment dire ? Le spectacle vu hier au Théâtre de la Criée à Marseille est quasi-unique.

Cette pièce de Thiphaine Raffier est originale à plus d'un titre. C'est une pièce de science fiction de plus de 2h30, interprétée par une troupe de 7 comédiens et comédiennes et 2 instrumentistes.

Le sujet est K-Dickien, dans la France du XXVème siècle, les morts ressuscitent dans une autre enveloppe corporelle mais en gardant leurs souvenirs principaux (allégés) qui à cette époque peuvent être numérisés tout au long de la vie, stockés dans des data centers très sécurisés.

Quand je dis "les morts" tout est question aussi de privilèges et de statut social.

L'image du visage est interdite dans ce monde : on ne filme plus, ne photographie plus, ne créé plus de sculptures, de peintures… On masque les visages, on les floute à l'écran…

Le texte est très contemporain, tout en restant universel. C'est aussi une histoire d'amour au delà de la mort.

Les acteurs sont aussi danseurs, musiciens. Le spectacle est total, la musique de Guillaume Bachelé nous plonge dans un univers sonore assez magique.

Ce qui m'a ému c'est aussi l'âge de la créatrice (31 ans) qui a un talent fou et le fait qu'on sent qu'elle a écrit ce texte pour la compagnie, un peu comme Molière le faisait.

Dans la brochure qu'on nous a donné à l'entrée du spectacle, elle dit : "J'ai écrit France-fantôme comme le miroir déformant de ma vie. Et aussi comme le négatif du monde. Un négatif est l'embryon d'une photographie, son envers; ses couleurs sont inexactes et pourtant, on en reconnait précisément chaque forme."