Le premier mot comme une étoffe de soi, de toi et de moi
Comme les dentelles d'eau qui ruissellent sur tes seins
Comme les guirlandes que forment tes lèvres lorsque la foule chante
Comme les arpèges de tes sentiments, du bas vers l'aigu.
Comme des archanges de peaux qui se touchent à la sortie d'un nid d'aube...
Et de spleen.

Je trouve que ce sentiment est indissociable du mot arabesque.[1]

B comme bonheur
Comme une bouche béante de béatitude.
Le premier mot comme un son en do, mi, fa et sol.
Comme un bulle balancée d'un bol belliqueux
Comme un blizzard balayant un bel belvédère
Comme un bouquet de beaux boutons d'or. Comme des bières blondes bues par bonnes gorgées
Et par besoin...
Je trouve que ces sentiments sont indissociables du mot bonheur.[2]

C comme caravane
Comme chameaux chargés de myrrhe et d'encens, de tissus brodés d'arabesques
Le premier mot comme un balancement hypnotique
Comme des pas réguliers sur le sable qu suivent d'autres pas et d'autres encore
Comme une escorte sans armes auréolée de la noblesse bleue du désert
Comme le silence de la marche lente dont le vent recouvre les empreintes.[3]

C comme caravane, errant aux traversées.
Témoignant de l’abondance de la création.
Révélant le mystère de l’inconnu.
Amassant l’arcane des passagers.
Riant du désassortiment humain.
Rôdant, sans désespoir, à la découverte du parfait.[4]

C comme la caravane
Qui nous emmène vers des rêves joyeux, pleins de mélodies et de swing.
Nous y sommes conduits à la rencontre d'un Duke qui nous fait danser sur les touches noires et blanches d'un piano dément.
Ah ! Caravane bénie ![5]

D comme dune
D'elle
Désert
Désir
Des iles de sable
Courbe de nos regards
Aimantés vers le Sud
Ephémère de nos élans
Le sable dans tes mains
Lentement s'écoule
Silence ocre
Redessinant les courbes d'un voyage intérieur.[6]

E comme Elle
Elle seule, elle a le ciel
Que vous ne pouvez lui prendre.
Elle seule, elle a mon coeur
Qu'on l'ose arracher ou fendre.
Elle seule, atteint les songes
Qui mettent mes nuits en cendres.

Elle seule, échappe aux flammes
Comme fait la salamandre.
Elle seule, ouvre mon âme
À ce qui ne peut s'entendre.
Elle seule, et qui sait d'où
Vient l'oiseau vers le temps doux.
Elle seule, qu'elle parle

C'est comme faire un voyage.
Elle seule, et son silence
A la beauté des ombrages
Elle seule, et tout l'amour
Me sont un même visage.
Elle seule, et les merveilles
S'étonnent de son passage.
Elle seule, et le soleil
À peine y peut faire image.
Elle seule, et qui sait d'où
Vient l'oiseau vers le temps doux
Elle seule, et tout le reste
S'en aille au diable vauvert.
Elle seule, et j'ai pour elle
Seule, ainsi vécu, souffert.
Elle seule, ô ma romance,
Mon sang, mes veines, mes vers.
Elle seule, et qu'elle sorte
Je demeure dans l'enfer.
Elle seule, et que m'importent
Cette vie et l'univers.
Elle seule, et je sais d'où
L'oiseau chante le temps doux.[7]

F comme fabuleux
Comme la Fleur qui frémit sous la force du vent
Comme la flamme d’un feu follet
Comme les fils de soie qui tissent la vie
Comme les fragments de folie qui nous frôlent parfois
Comme les fêlures qui fortifient
Comme la force de la foi
Comme la fin d’un conte de Fées[8]

G comme glaner
G, grain a grain sur la terre froide
G rond comme le dos courbe d'un corps qui souffre et qui a faim
Glaneurs de pommes pourries de fin de marché
Glanage des vieilles chinoises de mon quartier, dans les poubelles d'un monde trop riche.
Glaneuses de Millet aux joues rosies par le vent.[9]

H comme Humanité
Homme de coeur, prêt à donner en aimant humblement les plus pauvres,
Honorer les plus petits, hardis bravant les jugements,
Goûtant avec humour au gré des émotions,
Se délectant en honorant l'intelligence du coeur
Homme de valeur, plein de joie et d'esprit
L'humanité vous remercie[10]

I comme impertinence
Impertinence d' aimer ceux que l' on ne doit pas,
Impasse de vivre sans tous ceux que l' on aime,
Impénitent de ses désirs inassouvis,
Impérium de ma très grande éternité,
Implacable impératrice de mes pensées,
Imperturbable vieille folle du logis,
Impéritie de quiétude saudade,
Imparfait, c' est pour toi que sonne le glas.[11]

J comme jeux
Je, tu, il, elle, nous jouons.
Jeux drôles, impertinents, délicieux, savants ou coquins,
Jeux de rôles, jeux d'argent, jeux de mots, jeux de gestes,
Jeux d'artistes, jeux de jambes, jeux d'acteurs.

Lents, vifs, longs, brefs,
Jeux humains ou animaux.
Jeux pour ne plus être je mais nous.[12]

J comme jeux
Jeux d'amour et de lumière
Lumière comme un caresse, veloutant l'ocre de ta peau
Jeux de mes mains dans le creux de tes reins
Jeux de mes doigts sur tes pétales de roses avident du plaisir à venir
Jeux de serpent de nos corps enchassés
Plaisir toujours renouvelé de nos jeux innocents.[13]

K comme kaleidoscope
Je m’enivre de sensations aux couleurs de poussière
Kaki qui m’emportent au pays des Kangourous, des Koalas, puis je m’assieds au pied d’un Karité
Sans oublier mon Keffieh pour continuer mon Aventure vers la Kabylie,
En m’inclinant devant un Koubba,
En rêvant de Kimono,
De Kiosque à musique,
De Kami…
Kilomètres je vous hais,
J’y perds mon Karma..[14]

L comme légende
L comme ta langue sur mon corps fiévreux
Elle est là, souple et féline
Ondulant au gré de son plaisir
L comme la liane qui enroule nos cœurs
Légende d'amour, lumière lointaine éclairant nos envies
D'amours éternels[15]

L comme légende
Légendes légères
Des êtres et des elfes
Légendes engendrent
Nos rêves d'enfance.[16]

M comme méandre
Méandres
Comme les routes sinueuses qui mènent on ne sait où

Le premier mot comme les chardons des chemins parcourus séparément
Comme les labyrinthes, les sens interdits remontés en double aveugle
Comme les hésitations, les boucles devenues noeuds coulants
Comme les marelles dont le caillou perdu a désigné l'enfer
Comme les allées et venues du fleuve caché qui, nous traversant,
Nous sépare.[17]

N comme nocturne
Le magasin des angoisses reste ouvert tard dans la nuit.
Néant à combattre en musique.
Nocturne. Je n'aime pas Chopin.
Insomnies, carnet d'Obni.
Retour au lit.[18]

N comme nocturne
Nonchalante promenade au rythme du jazz band
Notes bleues vibrantes des bouches sur les hanches
Nacre deviennent les peaux à la lumière du soir
Nébuleuses diffuses radieuses dans le noir
Nuit d'osmose transpirant des soupirs des corps
Noctambule plongée aux profondeurs de soie.[19]

O comme orientale
Odalisque voluptueuse au sein de ce harem
Ondulant dans sa danse à l'abri du regard
Officieuse sultane au doux regard voilé[20]

O comme orientale
Odalisque au corps de liane
Rêves éveillés aux senteurs de roses
Voiles évanescents, douceur de loukoum
Narghilé de jasmin.

Souvenir de ta peau
Perdue pour toujours

Tu ne reviendras pas
Dans mon pays trop froid.[21]

P comme poète
Comme celui qui fait chanter la vie
Comme celui qui la fait aussi pleurer…
Les mots, pour nous dire
En une pluie d'étoiles sur Terre
En un arc-en ciel de perles iridescentes
La Vie, sa splendeur et ses tourments…
Les mots pour nous ravir…
À nous-mêmes[22]

Q comme quatrain Comme le plaisir de susurrer des mots sur du papier Des mots pour l'envie, le rêve, l'émotion et la douceur. Quatre petits vers pour une seule strophe.[23]

R comme rêverie Rêveries
En vie, en rêve
Ivres de vivre
De nos vies de rêve
Ivresse de nos envies
À vivre sans trêve
Rivages féériques, nuits d'opaline
Musique sybilline
De nos rêves en journées
Par nos nuits ensorcellés
Et sur tes lèvres
Mes rêves rient.[24]

S comme soie
Graines chauffées au creux des seins
Fils entrecroisés de douceur
Glissant lentement sur mon corps
Plaisir d'un instant gravé à tout jamais
Renouvellé sans cesse Douceur de soie douceur de toi[25]

T comme toi
Toi, fantôme au fond de moi
Toi qui envahi mes sens
Toi, troublant ma vue, mon toucher
Toi, vide dans mon espace
Toi avec qui je veux vivre
Toi avec qui je ne peux vivre
Toi qui me manque
Toi...[26]

U comme utopie

Une petite main qui se tend.
Toi. Dans l'immense brouhaha.
On me dit : "La poésie ne peut exister que sur du papier !"
Pourtant
Ils s'aiment, ils inventent des mots, ils façonnent des images,
Et le monde tourne pour eux comme un manège de bois.[27]

V comme voile
Qui voudrait voler dans le vent comme les petits V dessinés par l’enfant dans un ciel bleu arrosé d’un soleil aux jambes immenses.
V comme la voile arrimée qui ondule sous le vent pour bercer l’enfant dans les bras de maman voguant sur la mer bleue teinté de mousse argent.
V comme la voile coquine qui taquine les oiseaux iridescents du ciel bleu de l’enfant rêvant doucement du bateau le plus beau.[28]

W comme walkyrie
Walkyries honteuses de mes amours fauchées;
Wagnérienne, ma vie à jamais me semble,
Witz innomable d'une déesse vengeresse,
Wagage d'immondices de chair et de pleurs;
Waterloo, arrive pour qu'enfin le grand prieur
Walhalla, récompense de toute ma tristesse;
Welwitschia dans chaque main je serai orné,
Wergeld, c'est l'éternité, mon âme s'attable.[29]

X comme Xérès
Vin qui coule
Qui habille de robe le cristal Rubis, ambre, senteur épicée
Magie du goût sur tes lèvres
Que je bois dans ses petites perles qui roulent…[30]

Y comme yeux
Tes yeux…
Miroirs de ton âme
Pétillances de rêves d'Orient
Douceur magique qui me réconforte
Je t'aime tant.[31]

Z comme zébrures
Zébrures de ma peau sous tes doigts acérés
Zigzag de nos corps enchatonnés
Jaspure de nos jambes enlacées
Grivelure de nos draps dérangés
Arc-en-ciel détonant notre plaisir
Virginal unicité de notre amour[32]

Poème-fleuve en arabesque achevé le 30 janvier 2005.

Notes

[1] Arabesque par obni

[2] Bonheur par Zubrowka

[3] Caravane par Samantdi

[4] Caravane par Dadous

[5] Caravane par BabOOn

[6] Dune par Anne

[7] Elle par Louis

[8] Fabuleux par LaCigale

[9] Glaner par del4yo

[10] Humanité par ludecrit

[11] Impertinence par Ancée Fors

[12] Jeux par Hémiole

[13] Jeux par Zub

[14] Kaleidoscope par ludecrit

[15] Légende par Zub

[16] Légende par Anne-Printemps

[17] Méandre par Samantdi

[18] Nocturne par Kozlika

[19] Nocturne par Chrysalide

[20] Orientale par lacigale

[21] Orientale par Zub

[22] Poète par feerisette

[23] Quatrain par obni

[24] Rêverie par Anne

[25] Soie par Lilou la teigne

[26] Toi par Zub

[27] Utopie par obni

[28] Voile par sign

[29] Walkyrie par Ancée Fors

[30] Xérès par obni

[31] Yeux par obni

[32] Zébrures par Zub