Ce que ce n’est pas : un journal intime (publié donc public), un carnet de notes que tout le monde connaît (ses parents, ses amis, ses collègues de travail, son voisin…), un support pérenne (combien de blogs morts ? Des tonnes et des tonnes…)

Ce que ça peut-être : un exutoire (c’est à dire un machin qui remplace le confessionnal d’antan, ou le confident, l’ami que l’on a perdu de vue, le frère qui n’existe pas, la sœur qui n'est plus des gens sur une autre planète), une bouée virtuelle que l’on laisse dériver pour que quelqu’un s’en serve, un miroir à double foyer : mon regard, le regard des autres, mon expérience, ton cauchemar, une œuvre créatrice (pour les dessinateurs, les publicitaires, les écrivains en herbe), le moyen d’avoir un public ou de se faire de la pub (je vais publier un bouquin… pourquoi pas un blog comme moyen marketing), le moyen d’emmerder le monde (histoire de se provoquer soi-même), un défouloir (dire ici publiquement ce que l’on n’ose jamais dire), un outil de journaliste en gestation (je décris ce qui se passe dans ma rue, dans ma ville, dans mes vacances… et en plus je fais de la pub pour mon canard), un media politique pour candidat dans le vent (je bloggue un peu pendant la campagne électorale… ou je paye des gars pour le faire… ça fait djeunz et branchouillu), un post-it, si je possède le frigo avec écran sur la porte et accès au net (rare vu le prix de l’engin), un dazibao que je placarde sur les ondes, un bouffe-temps inutile (c’est plus intéressant de dire aux gens qu’on les aime que de l’écrire sur une page virtuelle), un trophée qui trône sur la page de démarrage de son navigateur favori, un anti-rides pour montrer qu’on est toujours jeune parce qu’on photoblogue avec son portable Nokia, un dématérialiseur de personnalité (façon StarTrek™(t’es anonyme toi ? T’es qu’un pronom personnelle toi ? T’es un pseudo toi ?)), un monde clos (finalement, les carnetiers se lisent entre eux, se lient, se voient parfois), un anti-dépresseur, un anesthésiant pour oublier le bruit du tic-tac qui gronde…

Ce que c’est à coup sûr : un passe-temps, un simulacre d’outil pour exister dans un monde qui engloutit tout, un îlot de liberté (vous faites encore comme vous voulez, surtout si vous optez pour des solutions libres)…. mais pour combien de temps encore (LEN et autres Lois à venir liberticides), un lieu d’échanges et parfois de complicité, un bidule, un endroit pour ne pas laisser s’empoussiérer les mots, une sorte de trouble qui provoque des yeux rouges et des insomnies, un lieu qui se vide parce qu'on commente moins ailleurs.