Le gars s'énerve. Pas content du tout. La vendeuse au bustier pigeonnant ne se laisse pas faire.

- Vous vous foutez du monde ! lui dit-il

- Je vous assure monsieur, ma balance fonctionne parfaitement bien !

- Comment ça ! Vous me faites payer autre chose que le chocolat ! Vous voyez bien ! sermonne-t-il en montrant du doigt

- Mais c'est ainsi que l'on doit faire avec ce produit. C'est une bûche doucereuse et fondante sur son étoffe ajourée ! Je vous vois d'ailleurs la soupeser des yeux depuis tout à l'heure ! Allez ! Calmez vous donc un peu !

Elle passe sa langue sur ses lèvres pour le ramener à une réalité gustative. Cette fille est craquante comme un glaçage au cacao.

- Non! Non et non ! Ne pesez pas cet emballage ! Je vous dis qu'il ne doit pas être pris en compte dans le prix ! Ce n'est pas ça que j'achète ! Je ne veux que le palpable, le moelleux, le tendre… Je n'achète que du jouissif pour mes papilles ! La bûche c'est érectile… Un petit truc à lécher ! À suçoter ! A titiller sous la dent ! Et votre emballage…

- …Quoi mon emballage ! Quel emballage ? Ma bûche n'est vêtue que de quelques grammes de dentelle ! Que diable !

Son geste est si vif que la bretelle de son corsage glisse le long de son épaule. Elle le fixe droit dans les yeux, la poitrine légèrement offerte. L'œil du rouspéteur s'émoustille un très bref instant mais il est fou de rage.

Des clients entrent et commencent à protester. Ils prennent fait et cause pour la belle qui fait mine d'avoir été importunée par le pingre.

- Allez dehors ! Ou j'appelle la police ! Gros vicieux ! Malfaisant ! Obsédé !

Un type costaud, peut-être un rugbyman, empoigne notre gars et le propulse en dehors du magasin.

Le radin n'aura ni la dentelle, ni le chocolat !

- Piteux soir de réveillon à bouffer seul de la dinde aux marrons ! marmonne-t-il en alexandrins.