À la lecture d'un des derniers billets d'ntellexuelle, je me plais à imaginer ce que pourraît être ma bibliothèque de rêve.

Ce serait une pièce avec un parquet de bois, un de ceux qui sente l'encaustique, la lavande séchée et qui craque sous les pas… Au coin de la pièce, il y aurait peut-être quelques crépitements de bois sec, une petite cheminée, intime… le temps serait marqué par le lourd balancier d'une horloge comtoise. À droite, un canapé et un petit guéridon où fumerait une théière. Plus à gauche, mon violoncelle et ma guitare, et un pupitre sur lequel traîneraient quelques unes des partitions que j'ai écrites, il y a si longtemps…

Un lampadaire à lumière tamisée… un écureuil sur la fenêtre et ma douce auprès de moi.

Là, je pourrais attendre la mort.[1]

Une grande pièce aux couleurs automnales, des étagères de bois recouvertes de livres en tous genre, un gros tapis bien moelleux, un divan dans lequel se perdre au milieu des coussins, quelques disques de jazz en musique de fond, des albums pour enfants qui côtoieraient des livres "pour adultes". Le temps infini pour pouvoir en profiter.[2]

Mon rêve serait d'avoir une bibliothèque dans ma chambre. Dans une armoire close parfumée de senteurs poivrées, mes dentelles voisineraient avec des livres reliés de cuir, dorés sur tranche, que l'on pourrait presque confondre de loin avec des missels.

La couverture de certains serait patinée, lustrée. D'autres au contraire ne s'entrouvriraient que rarement.

On les trouverait non pas alignés mais semés au gré des effeuillages, consultés de la main de l'un et abandonnés de la main de l'autre, gisants et bienheureux, étalés, ouverts ou repliés sur leurs secrets.

Je rêve d'une bibliothèque aux lueurs fauves, pleine de l'écho des soupirs passés et à venir mais aussi d'une bibliothèque ensoleillée, réchauffée de soleil et de caresses, avec des livres éparpillés sur des draps défaits, l'amour des mots conjugué à l'amour des corps.[3]

Elle sera au 1er étage de la maison dans une pièce mansardée avec des lambris au mur et des poutres apparentes, de la moquette moelleuse au sol et de gros coussins. Et surtout des étagères de différentes hauteurs remplies de tous ces livres achetés, reçus, glanés au fil des années appartenant à tous les membres de la famille : livres d'enfants, périodiques auxquels ils étaient abonnés (et qu'il faut conserver précieusement !), revues auxquelles les parents étaient abonnés (et qu'il faut garder scrupuleusement !), poches, beaux livres, dictionnaires, romans, biographies, essais, bandes dessinées, documents de voyage, vieux bouquins des années 60 donnés par la tante des Pays-Bas, revues de cuisine qui descendront dans la cuisine le temps de la recette et dont l'odeur viendra par avance nous régaler,…

Et puis la pluie qui crépite doucement sur la fenêtre de toit et la douceur de la présence des miens ...[4]

Un endroit où je me nicherai pour suspendre le temps... un fauteuil club moelleux dans lequel je m'enfouierai pour effeuiller des vies, passions et aventures romanesques. un tapis moelleux que calineraient mes doigts de pieds nus... une petite table ronde pour y déposer un café velouté. une lumière tamisée, celle du soleil caressant le voile ambre de ma baie vitrée. un chat lové sur mon ventre, son ronronnement accompagnant mes lectures... et la voix de Norah Jones ou Susheela Raman en doux film sonore...[5]

Je rêve depuis toujours d'une pièce où je pourrais assouvir ma passion pour la littérature, la musique et le jardinage. Une pièce avec une cheminée pour les longues journées d'hiver, où il ferait bon protéger des vents sifflants, des rayonnages gémissants doucement sous le poids des livres en tout genre, avec tout un pan de mur réservé aux musiques que j'aime.

Et puis prés de la baie vitrée qui, aux saisons plus clémentes, s'ouvrirait sur une véranda, un bon canapé moelleux à souhait. Je m'y installerai avec une tasse de mon thé préféré à portée de main et surtout mon chat, ma minounette partie trop tôt, posée sur mon ventre comme une nonnette et à qui je ferais la lecture. Et parfois je m'endormirai bercée par son doux ronronnement de contentement.

Que ce rêve devienne un jour réalité. Ma nonnette est partie à l'avant pour superviser les travaux.[6]

La mienne serait une pièce entière. De larges planches brutes au plancher. Un poêle dans un coin. Une vieille bibliothèque en bois chinée au fin fond de la campagne ornerait trois des murs de cette pièces. Un divan et une chaise longue coupée occuperaient un coin de la pièce. Sur les étagères, ma famille réunit à travers les livres. Des vieux, des neufs. Des traces de doigts sur certains, des empreintes d'encre sur d'autres. Un grand tapis sur lequel les enfants pourraient s'allonger et des poufs pour s'installer confortablement. Sur les accoudoirs des plaids pour avoir chaud et en fond, le bruit des pages que l'on tourne, des sourires et des larmes que les livres nous procurent.

A travers la fenêtre, le vent dans les arbres et des cris d'enfants.[7]

Je l’aimerais patinée, sous les toits, en désordre…une grande cheminée, des coussins partout, des poutres apparentes et peut-être même un fantôme qui lirait par-dessus mon épaule. Comme un endroit secret pour partager la vie des livres. Un lieu où il n’y aurait qu’eux et moi. Un endroit égoïste où je pourrais caresser toutes ces pages, m’égarer dans toutes les époques, où je pourrais devenir chevalier ou brigand, reine d’Égypte ou poète maudit. Et la flamme de ma cheminée éclairerait d’ombres indécises tous ces trésors posés ça et là. Un lieu de complicité, de recueillement, d’extase, un lieu à part.[8]

Et vous, me décrirez-vous votre bibliothèque de rêve ?

Notes

[1] obni

[2] Laurence

[3] Samantdi

[4] En campagne

[5] Lunaba

[6] dda

[7] Vroumette

[8] LaCigale