La phalène décrit des cercles concentriques dans la nuit blafarde.

Je mange une quetsche en attendant minuit.
Tu regardes avec nostalgie le vaisselier rustique, celui qui sent si bon le drapé de caresses.

En haut, un désir désinvolte désobéit à la loi du silence. Nous croisons nos regards.

On entend de petits cris virtuels qui fusent dans nos têtes.

L'envie nous chahute…

Cela fait-il partie de la symptomatologie décrite par Rubson ? Au fait qui est Rubson ?

Tu te débrailles
Je me déboutonne
Tu te débroussailles
Je me débusque
Tu te décachètes
Je me déboussole
Tu te débondes

Et nous apprécions la pédicelle, le pédicule et le pétale… floraison de sentiments…

- Fermons les persiennes.

- Pourquoi ? Seule la phalène peut nous voir.[1]

Les jours de grève
j'autographe les phalènes, je décachette les vendeurs, je débusque l'étrusque, je déboutonne les thons, je débraille les aveugles, je débroussaille les arsouilles, je poivre les pédicelles, je comprime les pétales, je molleste les persiennes, je lange les pédicules, je sonde le vaisselier, je refuse de lire la symptomatologie de Rubson avant d'étaler le mastic, les jours de grève je me vautre sous la questche![2]

Jour d'automne.

Ivre de curiosité, je débroussaille un coin du jardin, histoire de débusquer cet insecte roi et familier : la fourmi.

J'ai tant de fois rêvé de pouvoir un jour observer ses pédicelles, son pédicule que me voici tremblant, débraillé, excité : mon père vient de m'offrir le microscope depuis si longtemps désiré. Je ne peux pas attendre, le jour décline, je dérange des phalènes, j'écrase des quetsches, fais voler des pétales, rien ne peut m'arrêter.

Mais déjà, j'entends les persiennes se fermer. Vite! Vite! Des fourmis! Des fourmis!

Enfin les voici!

Un peu dessaoulé, je prends la direction de la maison une boîte pleine de fourmis à ma disposition.

Je déboutonne mon manteau, remercie à nouveau mon père que je vois près du vaisselier décacheter des lettres que j'imagine top-secret, impression renforcée depuis le jour où j'ai vu inscrit sur l'une d'elle un terme plein de magie : "Symptomatologie"; ma mère me sourit, me félicite.

Je cours me réfugier mon butin à la main dans ma chambre-laboratoire.

J'ai 10 ans, j'explore le monde.[3]

La symptomatologie du fou

De son allure titubante il arpente les couloirs du pavillon 52, hurlant que les moutons sont faits pour moutonner et les boutons déboutonner et que non personne ne l’obligera à mettre son pantalon ni à se débrailler du haut…

Les cheveux en pétard, il s’escrime en riant à débroussailler d’une main fouissante sa longue barbe pensant en débusquer quelque papillon de nuit, phalène égaré dans son cerveau moussu …

Il crie « c’est un pédicule, que dis-je un pédicule c’est un pédicelle qu’il me faut pour mettre cette prune à l’arbre » montrant de son doigt hilare au fond du vaisselier une quetsche violacée sur le fond d’une assiette abandonnée …

Le jour s’étiole en longs pétales mauves, messieurs les infirmiers, il est temps de décacheter les flacons de narcotique et de fermer les persiennes ![4]

Notes

[1] obni

[2] jf

[3] Cédric

[4] Elvire