- C'est très simple, c'est tout droit !

Le chemin serpente, rampe à droite, zigzague, se fourche, se cache puis réapparaît aussi mystérieusement qu'il s'était volatilisé.

L'air sent bon le mystère et l'inquiétude de se perdre.

La promenade devient intention d'aller, de divaguer, de surprendre.

Ici, une direction est indiquée, mais ce n'est pas la mienne.

Là, un panneau interdit, blanc sur fond rouge. Classique.

À droite, une propriété privée (privée de quoi déjà ?)(privée de vie?)

À gauche, une barrière, que l'on peut contourner en naviguant derrière le bâtiment et un massif de jonquilles. (Où ai-je mis mon sextant et ma boussole carrée ?)

Un paysan, fourche à l'épaule me crie de loin : "C'est tout droit, vous dis-je ! Et n'oubliez pas de prendre vos pillules !"

Je lui lance : "Lesquelles ? Celles pour la tête ? Celles pour durer encore vingt ans ?"

- Tout droit ! hurle-t-il

Étrange échos des montagnes. Il y a combien de temps entre deux sommets ? J'ai quel âge ? On dirait que je rêve. J'ai plus que ça… Un miroir… il me faut un miroir ! Je veux voir mon visage !

Deux types en blanc surgissent. Ils me demandent d'absorber une sorte de liquide bleu. Ils machouillent des pastilles à la menthe. C'est désagréable.

Ils insistent. Alors j'avale et puis plus rien.

Rien.

- ça y est ! Il est enfin mort !

Les deux gars sortent de la pièce. L'un d'entre eux parle du match de tennis remporté par la Russie sur la France à Pau.

- Gasquet m'a deçu !

- Bah ! Il est encore jeune, lui.