Dans le métro. Il pleut dehors. Station Castellane. Un homme au regard hagard cherche la Gare Saint Charles. Une femme blonde aux lèvres vertes le dévisage et lui dit : "Par la ligne 1 ou par la ligne 2, vous y arriverez ! Zou… Montez vite dans cette rame qui arrive !". Il la remercie en lui serrant chaudement la main. Il regarde sa poitrine à la dérobée.[1]


Dans les profondeurs de la terre accueillant ce drôle d'engin transportant les sardines humaines. Les gouttes du ciel tombent sur le sol extérieur. L'endroit précis où l'on peut grimper dans les machines roulantes portant le même nom que la magnifique ville de Provence... Mais si tu sais… Celle où nous sommes allés cet été, même qu'on a fait du canyonning. Un être vivant bipède avec un lourd poids pour sa tête, aux yeux tournants en tous sens comme s'ils allaient sortir de leur orbite, cherche l'autre endroit autrefois rempli de fumée de charbon peint par Monnet qui aujourd'hui est empli de voyageurs et de bêtes électriques. Un être gracieux aux longues boucles dorées qui s'était peinte les fines lignes autour de la bouche dans la couleur des prés, des arbres… Le regarde avec une attention soutenue et sa voix flûtée et douce se fait entendre : "Par la ligne 1 ou par la ligne 2, vous y arriverez ! Zou… Montez vite dans cette rame qui arrive !". Il s'incline en paroles, devant sa gentillesse en lui prenant sa douce main et selon cette coutume étrange la secoua de bas en haut en une danse des doigts. Il observa du coin de l'oeil, les deux montagnes bringueballantes qui offraient leurs vallées à sa vue.[2]


Pluie, train, Station Castellane, désarroi, ange, la Gare Saint Charles 1 ou 2 , sainte, hallelujah, rame, vite, merci, contact, départ, seins, reluquage[3]


Flic Floc tchoutchou, ouin, eureka, zou, îîîîîîîîîîî, pschhhhhit, waouw[4]


Mans le Détro. Il dleut ehpors. Cation Statellane. Un romme au Hegard chagard gerche la chare Chainte Sarles. Une bemme flonde aux vèvres lertes le dévidage et lui vit : « Lar la pigne 1 ou rap la pigne 2, vous y avirrerez ! zou ... Vontez mite cans dette rave qui arrime ! » Il la semercie en lui cherrant maudement la sain. Il reparde sa goitrine à la déborée[5]


Me voilà enfin sur le quai souterrain... certes à l'abri mais tout mouillé ... mon smoking dégouline et mon parapluie est trempé! ... quelle drôle d'averse pour un temps d'été! ... Et au fait quelle ligne dois-je prendre pour me rendre à la gare ?... sans Charles je suis bien incapable de me débrouiller ... je suis dans un sacré pétrain... Une femme exquise marchant bon train s'approche de moi ... il doit être inscrit saint charles sur mon front car sans que je lui adresse la parole , elle devine la raison de mon égarement... gentiment elle me conseille de monter de suite sur la rame qui entre en gare... Plein d'une infinie reconnaissance, j'étreints ses douces menottes... mais comme, trop sensible à la grâce féminine ,je ne peux me retenir de faire la cour aux belles créatures , ... voilà -t-il pas que subitement je me gargarise de grands mots !... malheureusement la belle à l'arrière-train avenant me prend pour un loup- garou!... Sans crier gare elle se met à hurler : " Gare à vous ! " .. et je reçois une pluie d'insultes qui achève de me détremper mais la belle ne m'empêchera pas de me rincer au moins l'oeil !... Ah je sentais bien qu'aujourd'hui le temps allait changer et se mettrait à l'orage !... en jetant un coup d'oeil furtif sur le balcon ouvert à tous les vents de cette blonde pleine d'entrain et verte de colère ...je déguerpis à fond de train et rattrape de justesse la rame ... Quel beau souvenir de Castellane j'emporte avec moi ![6]

Dimanche à Castellane ... Il fait un froid de canard et il pleut à verse ... Les météorologues affirment que nous vivons les derniers jours d'un rude hiver... Dans le métro, où ma copine Zazie dort et vit et où je la rejoins dès que j'ai un moment de libre , il fait plus chaud... Un homme à la gueule de pierre qui ressemble comme deux gouttes d'eau à mon ami Pierrot cherche d'évidence une ligne... Une femme excentrique, tenant dans sa main droite un bouquet de Fleurs bleues, en laisse un Chien à la mandoline et accompagnée d'une créature plus insignifiante ou du moins plus discrète qu'elle, dévisage l'homme et lui dit en marquant une mine surprise et comme satisfaite d'une découverte :

- Monsieur Ripois je suppose ?

- Lui -même ... vous me connaissez donc ?

- Bien sûr ! je vous ai vu courir les rues, battre la campagne et fendre les flots ... j'ai suivi toutes vos périlleuses aventures !

- Ah bon ! si je pouvais m'imaginer !... et vous ? me ferez-vous l'honneur de me dire votre nom ?

- Sally Mara poils aux bras

- Enchanté vraiment !

- Vous allez à Saint Charles n'est-ce pas ?

- ...Mais comment l'avez-vous donc deviné? ?

- Parce que je sais que, comme moi, vous êtes une créature de Queneau et que dans une petite heure notre créateur donne une conférence près de Saint Charles...

- Bravo ! ...pile dans le mille ! .... mais voyez-vous je suis bien embêté car je ne sais quelle ligne prendre ... et je crains de n'arriver à la conférence qu'à la Saint Glin-glin ... Si seulement je savais voler comme Icare ! !

- Ne vous tracassez pas ... prenez donc la ligne 1 ou la 2 et vous arriverez à bon port ... euh ... je veux dire ... à bonne gare !...Tenez ...je vous présente mon amie Odile ... elle fera le voyage avec vous ... elle va assister elle aussi à la conférence sur l'Ouvroir de Littérature Potentielle .... c'est elle aussi une des créatures de Raymond ... mais oh! ... voilà la rame qui arrive ... vite ! ... montez ! "

Monsieur Ripois dit alors à la belle Sally en lui serrant chaudement les mains :

- Certes voilà que nous surprend l'instant fatal de notre séparation ... mais Si tu t'imagines que je t'oublierai belle blonde ... ah ! que tu te trompes ! ... car cent mille milliards de poèmes ! je crois bien que je t'aime ! N'est-ce pas une Histoire modèle que celle qui nous arrive aujourd'hui !... je te promets que l'été qui vient nous ferons un beau Voyage en Grèce toi et moi ... mon ami dit que l' on est toujours trop bon avec les femmes ... mais c'est parce qu'il n'a jamais rencontré de créature surréaliste comme toi ... A n'en pas douter ... c'est le plus beau Dimanche de la vie !

- Monsieur Ripois ! ... assez de louanges ! ... dépêchez-vous donc ! la rame va partir ! et tenez ! attrapez ! c'est mon journal intime ... vous me direz ce que vous en pensez !...

Sur la rampe de la rame , Monsieur Ripois se retourne une dernière fois et jette un dernier coup d'oeil à la gorge déployée de la belle Sally ...[7]


Subway. Temps de chien. J'ai mon six coups dans la poche de mon veston. Les flics m'ont traqué. Je me suis réfugié ici, station un peu glauque. Mon jean's est mouillé. Il faut que je me tire vers la gare pour filer à Paris. Une pétasse maquillée me regarde de travers et me hurle :

"Par la ligne 1 ou par la ligne 2, vous y arriverez ! Zou… Montez vite dans cette rame qui arrive !"

Elle est de la bande à Riri… C'est sûr. J'ai juste le temps de lui dire qu'c'est compris et j'me casse aussi sec. Quel gâchis quand même ! Elle avait des nichons comme des pommeaux d'arrosoir. J'me s'rai bien fait rincer l'œil.[8]


Il pleut dehors. Au Vieux Bourg. Un Amérindien impavide au regard vide cherche la place du Vidé. Une femme noire aux lèvres mauves le dévisage et lui dit : "Ou ka passé la ri Calebasse, ou ka rivé la ri de Gaulle kan mim. Pren vélo ou ka rivé!". Il la remercie sans desserrer les dents. Il regarde ses créoles en or à la dérobée.[9]


A l'ombre dérisoire d'un arbuste rachitique, seul spécimen à mille lieues à la ronde... Sous un soleil de plomb... en plein coeur du désert... Un homme famélique en sueur et la langue pendante cherche désespérément depuis des heures un point d'eau... A l'horizon ... une forme ondulante et séduisante .... L'homme s'approche d'elle en rampant sur le sable... La forme lui dit alors : " Dessine-moi un mouton ! " ... L'homme dit : " Si tu veux mais à une condition...dis-moi où je peux trouver de l'eau , ne serait-ce qu'une goutte ... mon gosier est assèché... " La forme répond : " Prenez à gauche ou à droite ... mais oh! que vois-je ! ... une caravane qui passe ! ... Vite! ... faites-leur signe !... "L'homme remercie la forme délicate mais, trop épuisé pour se lever et surtout courir sur ses frêles jambes ... il expire ... après avoir eu tout juste le temps de jeter un regard désespéré sur les formes généreuses et suggestives de cette dune ronde et dorée ... Le mirage dépité marmonne : " Mince ! ... et mon mouton alors ! ... "[10]


Dans une arrière-gare sombre, infecte et désaffectée... des miaulements de chats ... A l'extérieur il pleut des trombes de sang ... Un type livide, les yeux exhorbités, pénètre dans le local et s'écrase sur le sol , les tripes à l'air... Il nage dans son sang ... Une bonne femme dans un état qui n'est pas meilleur surgit du fond du local et avance en titubant , les vêtements en sang... elle vient s'écrouler sur le premier corps ... un couteau est planté dans son dos ... avant d'expirer elle juste le temps de susurrer en crachant le sang à l'oreille déchiquetée du type complètement défait qui essaie de la relever ; " ... ligne 1...ligne 2 ... vite ! ... vite!... vit... " Le gars , dont la jambe est éclatée , pose une main fébrile sur les seins ensanglantés du cadavre encore chaud avant de s'effondrer lui aussi sur les deux corps ... Fin de cette scène particulièrement désolante .[11]


Un type dont la moiteur se répand sous sa chemise en soie. Il pleut dehors. Tous ses muscles sont en érection. Des traits saillants dessinent de fortes épaules. Son regard de braise traîne le long du quai… Ses yeux bleu métal sont dans le vague. Son amour, sa passion l'attend à la gare. Une fille pulpeuse, la fesse ferme, décolleté pigeonnant, robe fendue, bas résille… Elle pourlèche ses lèvres et lui sussure : ""Par la ligne 1 ou par la ligne 2, vous y arriverez ! Zou… Montez vite dans cette rame qui arrive !""

Dans la wagon… Il la dévore des yeux. Ils unissent leur langue avec furie, échangeant leur moiteur, leur suc, leur parfum, leur haleine… Elle lui mordille l'oreille et glisse sa jambe par dessus son aine… Il plonge sa main dans ses seins… Ils poussent un long soupir jouissif.[12]


Paumé de chez paumé, le scarla dans l'trom l'aut'jour, t'sais, qu'y flottait comme chaipaquoi, la verité, total guélar ! Pas d'où y tisor la-uiç, savait même ap où elle est la rega… C'est une deblon qu'y a dit ça chie pas, tout ça, la 1 la 2 c'est kif. Direct live le keum il y pécho la ainm, style Merci-mademoiselle, zarma bouffon, quoi ! mais j'l'ai yégri, il y chouffait les eins, en vrai.[13]


Notes

[1] Le scénario par obni

[2] La version Hominis complicate de Dom

[3] La version télégraphique d'Alter Ego

[4] La version onomatopées d'Alter Ego

[5] La version contrepéteries d'Alter Ego

[6] La version de Claudine

[7] La version Hommage à Queneau de Claudine

[8] Version polar d'Obni

[9] Exercice de stil lokal par Oxygene

[10] Version Laurence d'Arabie par Claudine

[11] Version adaptation à l'écran en film d'horreur par Claudine

[12] Version sensuelle d'Obni

[13] La version de Cobab