Aujourd'hui, une grande lassitude m'étreint. Comme un enserrement… Que dire qui je n'aurais déjà dit ? Est-ce un but ? Qu'écrire ? Pour qui ? Pour moi ? J'ai l'impression d'avoir fait le tour et de ne plus me surprendre… Lorsque je me surprends (c'est rare) je me sens seul… On me dira : "Rien de plus normal dans cette pratique du blog !" Étrange tout ça ! Le vecteur c'est la diffusion… Non la solitude… Un texte pas compris… Un éclat de rire mal interprété… Dois-je réapprendre à écrire ? Puis-je encore emprunter des chemins de traverse dans un domaine finalement très conventionnel… Ce qui m'a toujours plu, ce sont les mots… Les étirer, les surprendre, les interpréter, les sauver… Et rire. N'être pas indifférent à leur agonie.

Cela fait combien de temps ? 4 ans ? 5 ans ? Hum… Longueur… Langueur…

Chercher le sens ? J'ai déjà écrit sur ça

Mais qui ne viendrait lire que des mots ! Ici on y raconte sa vie, on partage une passion de lire, de photographier, de cuisiner, de voyager, on y côtoie des personnes de chair, on délaisse l'amour du mot au détriment de la quotidienneté, de l'idée politique, sociale. Pas le talent pour ça. Je n'ai pas l'envie de ça.

Et puis conserver 5 noms de domaine… Ne pas oublier de payer…

Au début, tout était artisanal… Maintenant les politiques, les commerçants, les journalistes s'y mettent tous…

Combien de personnes sont désormais absentes, s'effaçant petit à petit avec la régularité du pendule qui égraine les secondes. Le silence a remplacé les clameurs… Ici se rencontraient des tas de blogami(e)s… Bien peu sont restées. C'est la règle du Je, j'en ai conscience bien sûr… Les autres font parties d'autres sphères. C'est normal bien entendu.

Un mot mal dit…

Un texte mal compris…

Lassitude… Lassitude…

Je sais bien entendu que les relations sur le Net doivent s'entretenir comme de belles plantes… Il faut les arroser, s'en occuper… Commenter ici, jouer là, être attentif aux autres. Tout ça, ce n'est plus mon truc.

Une grande lassitude m'étreint comme un fantôme de couleurs. Un film au ralenti. Mais à l'envers.

Je regarde Rouge le superbe film de Krzysztof Kieślowski, réalisé après Bleu et Blanc, cette trilogie extraordinaire fonctionne toujours de la même manière, on y entend un bruit et ensuite on voit ce qui le produit.

Le bruit dans ce que je raconte, c'est le battement d'un cœur, qui pulse à sa façon dans la poitrine, assez maladroitement… qui manque d'oxygène… et qui redessine la vision spectrale, hideuse de la mort. Mon carnet virtuel c'est une sorte de carnet de santé. Pour l'instant, il m'échappe. Je n'ai pas l'impression de continuer longtemps.

Tiens ! Voilà que je décris une quotidienneté et des états d'âme.

J'ai dans la tête la musique de Zbigniew Preisner… Elle tourne en rond et s'installe.