Je venais de fermer la porte à clefs. À gras-double clefs.
La voisine d'en bas, une trentenaire frisquette et ébaubie, claqua avec force ses persiennes pour une raison inconnue de moi. Je ne pus m'empêcher de faire le rapprochement entre persiennes et parisienne. Pharisienne n'était pas très loin non plus. Et qui dit pharisienne dit phare à Sienne. Ce qui reconnaissons le nous éloigne de notre propos, nous emmène en Italie, nous fait humer la terre ocre et nous incite à divaguer encore plus une glace au limoncello à la main, écoutant l'air tournoyer dans les peupliers.
Mais je m'éloigne.
Bref, au lieu de baisailler comme elle le faisait souvent en écoutant du Éric Satie, un satyre à satiété sautillant et sinistre, était-elle en train de baiser ou m'avait-elle vu chaparder le nez de clown du boulanger artiste itinérant sur pédalo arboricole ?
M'avait-elle entendu le traiter d'écrivassier parce qu'il avait rédigé sur la feuille de chou locale un article venimeux sur mon texte pour les Impromptus, le trouvant décousu, inconsistant, bavard, parnassien, pataphysicien ?
Dois-je vous rappeler une fois de plus que mon boulanger est pigiste ? Pigez-vous l'allusion allusive ? Abusive allusion pensez-vous ?
En un mot comme en cent, ce type était marié à une péronnelle callipyge et ombrageuse. Voilà tout. Et la nénette en question était ma voisine du bas.
Et ceci expliquait sans doute cela comme ceux-là aspirent souvent ceux-ci.
Et réciproquement.
Une autre fois je vous décrirai les bas de cette voisine. Résillés. Persillés. Les hauts et les bas, et même son cabas lorsqu'elle se rend chez son époux, papa à poux de surcroît.
Texte écrit pour les Les Impromptus Littéraires pour la semaine du 25 avril au 1er mai 2011.