La pièce de Pedro Calderón de la Barca dans une mise en scène de Jacques Vincey a été un éblouissement.

Tout d'abord, je ne connaissais pas vraiment cet auteur baroque espagnol et les mots que j'ai entendus hier soir ont été d'une rare beauté. Était-ce du à la traduction de Denise Laroutis ? Peut-être pourrait-on me dire si ce texte dans sa langue originelle est aussi épanoui et finement ciselé ?

Le jeu des acteurs est aussi à remarquer : Florent Dorin, Philippe Duclos, Noémie Dujardin, Antoine Kahan, Philippe Morier-Genoud, Philippe Vieux et Estelle Meyer, spectaculaires phrasés, murmures, performance physique… Épatant Philippe Vieux en une sorte de Sganarelle, bouffon magique. Étonnant Antoine Kahan dans un homme mi-animal qui s'humanise, remarquable Estelle Meyer dans un rôle aux multiples facettes, tantôt homme, tantôt femme… éternelle.

Le thème de la pièce est l'illusion, le rêve éveillé, la mort et l'homme qui s'accomplit dans son humanité.

Oui le théâtre c'est magique ! Un décor minéral et dépouillé, un public qui écoute et espère les mots à venir, des rires, du bruit, la lumière qui frise, des personnages qui surgissent mystérieusement et l'on se prend au jeu ! Nous sommes ailleurs, nous sommes ensemble, nous sommes si bien.