Cette photo prise sur le Vieux Port de Marseille par un dimanche ensoleillé, me rappelle un texte que j'avais écrit il y a longtemps maintenant [1] :

La chaleur moite des bords de quais
Usés par la sueur
À l’heure où les chargements sont déposés en vrac.

La pluie fine se métamorphose en cercles de jeu
Capricieux et cyniques.
Les regards sont fuyants, délavés, lourds de crainte.

Les grands cargos s’étirent, englués par la brume.

L’odeur…
Dessine des ombres chinoises sur les vêtements
Le pavé suinte d’eau croupie
L ‘herbe folle, couleur hydrocarburée
S’identifie à la courbure des dos ployés sous la charge.

Cà et là : un langage bigarré
Fait d’interjections ordurières,
De cicatrices d’une civilisation de négoce.

Marche en avant :
C’est la brûlure d’une lame enfoncée d’un coup sec,
Violence quotidienne…

La chaleur moite des bords de quais…
Un regard pourtant se fait désillusion et mystère…

Rimbaud s’en va…

Souvenirs dans le corps
Les poteaux de couleurs dans les yeux
Traînées de sang sur les doigts
Volutes de fumée interdite
Goût acide dans la bouche…

Rimbaud s’en vient
Paralysé d’avoir si peu vécu le rêve de l’ivresse.[2]

Notes

[1] Le texte est comme un lointain écho… un vieux souvenir… où les cordages au sol me rappelle des zones enfouies dans mon cerveau)

[2] © Obni 1995