[357/365] My Guitar - Ma guitare


J'ai intensément joué de la guitare tout au long de ma vie. Ma première guitare fut un cadeau de mon père alors que nous étions en voyage en Espagne. Simple guitare bon marché mais qui m'a donné une envie folle de progresser. Je devais avoir 8/10 ans. Je suis tombé amoureux fou de cet instrument.

Plus tard, ayant travaillé durant l'été, je me suis offert la guitare que l'on voit ci-dessus. Je souhaitais qu'elle fut brésilienne, ce fut une Di Giorgio, cordes nylons, signée et marquetée… Un modèle assez rare qui avait ruiné toutes mes économies.

Jeune adolescent, puis dans un orchestre (toujours guitare acoustique) pendant très longtemps, j'assurais la rythmique puis quelques solos. Combien de nuits passées avec des potes à refaire le monde, à jouer à en avoir les doigts qui brûlent (à la longue ça ne brûle plus du tout… ), à boire, fumer, rire, improviser jusqu'à l'aube…

Très vite j'ai eu envie de composer : des chansonnettes pour micro-public amical (sur des poèmes divers et variés, c'est là que j'ai commencé aussi à aimer l'écriture), des partitions plus ambitieuses (sonates,trio, motet). Passage obligé par le Conservatoire. J'ai appris à jouer à peu près correctement puis la connaissance de l'orchestration m'a enthousiasmé, jusqu'au jour où j'ai "orchestré" des morceaux. C'était le moment où j'appartenais à un ensemble de musique grecque (qui existe encore me semble-t-il) (J'ai même participé à la rédaction du statut juridique de cet ensemble musical pour qu'il devienne une association).

Ce furent des orchestrations/arrangements (chacun utilise le terme qu'il veut, parfois on parle d'arrangement comme pour minimiser le travail de la personne qui donne toute la couleur à une partition le plus souvent pour voix et accords).

À cette occasion, il y eut des concerts dans des festivals (Arles, Algues-Mortes, Opéra Marseille, Théâtre Gyptis, Orange…), passage sur France Musique (Festival de Musique Byzantine mais là sans guitare), ce fut une longue période de travail titanesque où partant d'un matériel simple (très très simple, parfois une seule mélodie), je mettais en couleur pour un orchestre composé d'un ensemble de cordes (violons, altos, violoncelles, contrebasses), bois (hautbois, clarinettes, cor anglais), vents (flûtes, piccolo), percussions (timbales, cymbales, triangle, gong…), chant (chœur + solistes), orchestre populaire (bouzoukis, guitares acoustiques, guitare basse) etc.

J'y passais mes nuits.

Cette période dura une bonne dizaine d'années et s'effectuait en plus de mon travail habituel. Ce fut très enrichissant (j'ai eu l'occasion de serrer la main de Theodorakis sur un arrangement que j'avais créé d'une de ses œuvres, j'ai été joué par le Quatuor de L'Opéra de Marseille).

De tout cela il ne reste presque rien. À l'époque je n'enregistrais pas. J'estimais que la musique était à écouter au moment où elle était jouée. Le reste importait peu. J'imagine qu'il y a des traces ici ou là, mais je ne possède presque rien ou des restitutions sonores médiocres. Je m'en moque. L'important n'est pas là. Et je trouvais que les musiciens (souvent professionnels) ne s'investissaient pas suffisamment (une répétition, la générale et vas-y pour le concert !)

Tout cela se faisait grâce à ma guitare, un clavier midi, un expandeur Korg (que je possède toujours et qui dort au grenier) et des logiciels me permettant de créer les différentes partitions (On n'imagine pas le nombre nécessaire pour un concert !) (grâce au soft Finale® notamment).

Un jour, j'ai tout arrêté. Je me suis consacré à ma famille, à l'écriture, au blog, aux jeux loufoques d'écriture, à mon travail, aux voyages, aux ami(e)s, à ma douce. C'était mieux et moins solitaire comme activité. Parce que l'écriture musicale c'est très solo.

Parfois, je prenais ma guitare dans des réunions amicales et j'accompagnais la personne qui chantait… C'était sympa. On réclamait cela. J'ai peu à peu dit non. J'ai mis beaucoup de distance avec cette activité musicale.

Puis le jour arriva où j'ai rangé l'instrument dans son étui et il s'est endormi. Longtemps. Je le sortais parfois pour trouver des accords de chansons que j'aimais bien et que je ne localisais pas sur le web.

Là, je l'ai ressortie depuis quelques semaines… J'ai changé les cordes… je l'ai un peu dépoussiérée. Je l'ai regardée. Elle m'a souri. J'ai vu qu'il existait un super soft qui s'appelle MuseScore et qui est pas mal du tout.

Allez savoir… Peut-être que j'avais le besoin de faire sonner la Di Giorgio, mais mes doigts sont maintenant rouillés. Mon poignet est rigide. Mes arpèges approximatifs. Je ne sais plus rien jouer sauf une composition brésilienne que j'avais écrite il y a des lustres… Ce morceau, je pourrais le jouer les yeux bandés peut-être même si je devenais sourd. Un de ces quatre matins, je placerais la partition ici ou là… Pour le partage…

Depuis quelques jours, j'ai de nouveau envie de jouer du Leo Brouwer, du Villa-Lobos et même du Gaspar Sanz

Il y a un énorme boulot pour retrouver les sensations, pour lire avec aisance les partitions… Énorme boulot !

C'est si lointain ! Mais comme le vélo ça ne s'oublie pas complètement.

Pourquoi j'écris aujourd'hui ce texte ici ? Aucune idée. Une envie de retrouver quelques sensations et de me remémorer des instants bien à moi.

En réalité, je pense que ce qui a été ne sera plus. Ce sera autre chose à réinventer. Peut-être ou pas.

Une autre fois je parlerais de mon expérience d'aide conducteur de train. Ce fut aussi une sacrée histoire ! Actuellement, je n'ai aucune envie de conduire un TGV, quoique…