Etonnant de dextérité, le boucher est en train de ficeler le rôti que nous allons déguster demain pour un repas d'anniversaire qui devrait tenir ses promesses.
L'artisan commence avec un morceau de viande assez banal à forme vaguement établie.
Il place la pièce sur le billot de bois, récupère un fil du néant tel un prestidigitateur, créé une ganse, puis deux, puis une sorte de chapelet de fils placés artistiquement et mathématiquement. J'ai comme dans l'idée qu'il pourrait faire ça les yeux bandés.
Le geste est sûr. Sans à coups. Les clients du magasin observent la gestuelle, apprécient en silence. La file s'étire sur le trottoir.
Perso, je trouve que c'est bien dommage de rester muet comme ça.
J'ai bien envie de lancer à la cantonade un "Olé ! "… puis un autre "Olé !"
Mais comme je n'aime pas la corrida, je me suis tu.
D'ailleurs toi aussi tu t'es tue.
Suis-je têtu à ce point ?
Maintenant me voilà sur un sorte de jeu de mots entêté.
Tiens ! La prochaine fois il faudra que j'observe mieux la crémière de l'échoppe d'à côté. On m'a dit qu'elle savait galber le reblochon comme personne.
