Désormais quand je la vois, ses yeux sont dans le vague.

Elle semble rêvasser, perdue dans du vide, absente du monde.

Le week-end dernier, il y avait une sorte de spectacle. Quand je suis arrivé, l'animateur entonnait la chanson "Mexico" de Luis Mariano. Je passe l'accueil et je la vois en train de danser, seule, les autres personnes assises l'observaient.

Je m'assieds pour ne pas déranger ce spectacle, elle semblait heureuse. Au bout d'un assez long moment son regard croise le mien, elle sourit mais continue tranquillement de danser en chantonnant.

Puis peu à peu, ses pas se dirigent vers moi (tout en dansant) et elle me dit bonjour en m'embrassant. Me reconnait-elle comme son fils ? Je n'en suis pas certain mais je reste -à l'évidence- pour elle, quelqu'un de différent des autres.

C'était la fête des mères. Je lui offre un petit cadeau. Elle est contente. Puis elle retourne vers le milieu de la salle et continue de danser. Elle m'a oublié.

Je regarde tout ça avec beaucoup de tristesse et de nostalgie. Lorsque la chanson fétiche qu'elle dansait avec mon père arrive, des larmes intérieures m'envahissent. Je suis anéanti parce qu'elle n'est presque plus là.

Mais le presque a une grande signification : il représente encore une petite lumière au fond de ses yeux, lumière aussi faible qu'une flammèche de bougie.

Pour combien de temps encore ?