Il était une fois un rivage irisé, tel un paillon pour nymphéas nyctalopes et un palefroi noctambule qui venait d'on ne sait où. Les mouettes laineuses réapparaissaient annonçant les vicissitudes d'un hiver rude, rabelaisien et nébuleux.

Bien sûr, on était loin des frissons du Quttinirpaaq mais ces frimas avaient tendance à bloquer les mandibules de ces oiseaux migrateurs venus du Cercle Polaire. Ils arrivaient en ces contrées inhospitalières, recherchant leur seule nourriture : le cresson bleu.

Pour cette raison, bon nombre de défenseurs des volatiles arctiques se retrouvèrent sur les rochers, pinceau à la main, pot de peinture à leurs pieds, badigeonnant largement du cresson sauvage de rivière. Cresson sec et opalin, bien entendu.

Superbe spectacle de solidarité et d'art maritimopestre !

Observer ces oiseaux décharnés par le long voyage, affamés et souvent déplumés, nous rappellait ces jours où le Pôle Nord Magnétique se situait sur Maubeuge, et où les moindre écarts de température étaient analysés par les chercheurs de l'INRA comme une entorse à la Loi de Képler. Dramatique quête de sens.

À cette époque, notre personnage recherchant le Nord en région parisienne, s'était retrouvé en Gelbique face à un compteur geiger et à une camionnette de dératisation qu'un autochtone avait soigneusement arraisonnée pour une expédition trans-saharienne. Mais cela est une autre histoire que nous raconterons peut-être un jour...

(Suite demain...)