L'art de vie grec c'est un regard sur la proximité, une soif d'être en partage avec les autres et la joie de réinventer la fête.

ça semble comme ça, une sorte d'image d'Epinal.

Non, rien de tout ça, c'est la pure réalité de ce pays.

Ce n'est pas pour rien que cette culture s'est toujours arc-boutée sur son sol natal mais aussi au sein de la diaspora.

Ici, aux confins de l'Union Européenne, c'est un lieu riche en émotions, en sensualité et en découvertes humaines. Il n'y a pas de grec solitaire. C'est un mythe. Les grecs sont unis dans ce que l'on appellera plus tard la grécité.

Je pense que tout esthète, tout libre-penseur et chaque épicurien aime, a aimé ou aimera un jour profondément la Grèce.

Pour ma bien-aimée, ce pays resplendit dans ses yeux et dans son cœur depuis sa tendre enfance. Aujourd'hui encore, sa pupille, son iris, ses sens pétillent à chaque voyage comme pour imprégner sa rétine par tous ces petits moments qui façonneront son catalogue de souvenirs. Mais pas de ces souvenirs classiques que l'on stocke sur du papier glacé, ou des pages quadrillées ! Non ! Là, je parle de souvenirs que l'on garde à jamais dans son âme. Une sorte d'enrichissement systématique et intangible. Sa technique est inconsciente. Elle demeure en permanence aux aguets afin de stocker le moindre visage, la plus simple expression, la découverte d'un mot jusqu'alors inconnu, d'une préparation culinaire, la contemplation fugitive d'une attitude, d'un horizon, d'un nuage à forme surprenante, d'un goût sur les papilles, d'une parcelle de paysage, d"un son, d'une chanson surgissant d'une radio locale, de quelques gestes de la rue, d'une fragrance anisée, florale, du rythme des vagues, de la texture des galets, du velouté du sable ou la forme d'une feuille d'angélique.

Elle emmagasine avec gourmandise, stocke fébrilement sur une mémoire non volatile, initialise de nouvelles sensations.

Elle me fait partager tout cela et c'est un moment unique sans cesse renouvelé.

C'est vrai que dans ses moments-là, ses yeux restent grands ouverts sur le monde, son ouïe est à l'affût, son odorat en éveil, son toucher en alerte et ses papilles sur le qui vive.

Tiens ! Puisque c'est ainsi, nous allons siroter un café-frappé. On parlera peut-être de cette avenue où minaudent les amoureux… Comme s'il était utile de minauder !

Il y a de ces endroits qui donnent l'impression de se sentir chez soi, qu'on reconnait sans les avoir jamais vu et qu'on ancre en soi comme autant de bonheurs...ce sont ces endroits là qui font briller les yeux et quand on les partage avec l'être aimé, cette sensation est encore plus belle[1]

Notes

[1] Je reprends ici, le commentaire que m'a laissé LaCigale qui me semble très approprié pour parfumer mon texte d'une senteur extérieure.