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La fille me regarde, un brin amusée, un brin énervée :

- Tu n'es qu'un vaurien ! Une espèce de faquin !

- Tout ça à cause de ce lit à baldaquin ?

- Un lit ? Tu rigoles ! Plutôt, une sorte de ravin !^[1]

Le ravin en question se tait mais n'en pense pas moins, il rigole; il eût préféré c'est sûr, sous la belle, se gondoler…^[2]

Un homme qui se gondole ne le fait parfois que par pure cautèle, pour flatter son interlocuteur, et non parce qu'il traverse l'un de ces moments jubilatoires que réserve la vie en bonne société.^[3]

Oui, quoi de plus jubilatoire pour un homme que de partager la couche d'une belle donzelle. - Un ravin, certes. Mais c'est pour être plus prêt de vous, ma Mie.^[4]

Ma Mie ! Ma Mie ! Cessez de me consommer comme un quelconque casse-croûte, je vous prie ! Un peu de douceur, que diable...^[5]

La douceur est le sel des bonnes moeurs et des belles qualités^[6]

Elles (les qualités), rayonnent avec grâce et félicité, enveloppant les personnes qui les possèdent, d'une "nitescence" qui ferait palir de jalousie, l'astre du jour.^[7]

Nitescence = nid + essence ... est-ce encore une façon de se lover dans sa quintescence ?^[8]

Haaa.. son parfum, la quintescence de son âme, pure et raffinée. Les effluves ambrées et florales me transportent, et je m'immerge dans les brumes de mes souvenirs.^[9]

Les brumes de mon regard hagard se dispersent sous la caresse de tes mains raffinées ^[10]

Le velour raffiné de son grain de peau était la prunelle de ses yeux, la moindre imperfection provoquait son courroux.^[11]

Son courroux excitait la flamme du ténébreux et faisait trembler de rage la couche nuptiale.^[12]

Cette rage, elle pouvait la sentir lors de son étreinte, mais elle ressentait également son indéfectible amour^[13]

Etreinte d'amour ou de rage, qu'importe ! elle se savait folle et se laissait porter, consumée par sa passion.^[14]

Consumée telle la flamme de la bougie du commissaire-priseur posée sur la table en marqueterie^[15]

Marqueterie troublante, dont les arabesques lui rappelaient de manière pas si grotesque les volutes brodées sur ses dessous, simulant le vol d'un aigle, et qu'elle portait pour encourager son propre espoir renaissant.^[16]

Renaissant de ses cendres tel le phénix, il sut que désormais la gageure était d'aller au bout du chemin sans entrave.^[17]

Je songe, à ce moment, aux entraves des animaux à quai, aux entrées et sorties des badauds et aux entailles sur le tronc des arbres de l'enfance.^[18]

Les entailles d'où coule le sang vert des arbres ! mais comment fait-il pour remonter tout là-haut, le sang des arbres, dans les frondaisons roucoulantes et venteuses ?^[19]

Venteuses les plaines ! Venteux et trop lointain le désert des mondes inaccessibles ! Y viendrez-vous, ma disparition, mon être sans abords ?^[20]

Longtemps j'ai rêvé de vos abords. Moi, le gars lion à ras bords d'amour, j'ai pour vous des sabords pleins de fougue, et des gras pains de tendresse à bord. Laissez moi être le marin de vos désirs!...^[21]

Mes désirs ! Savez-vous, ma Vie, combien de marins, combien de capitaines, ont chaviré dans cette fuite en avant éperdue ?^[22]

Éperdue menteuse je suis, j'avoue .. fuyez ! mon âme est sombre, ...si vous insistez, d'encanaillé votre désir sera encalminé dans mes vagues de fioul .. et si vous y mettez le feu vous brûlerez en enfer …^[23]

En enfer, que Diantre, ma Mie ! Je ne braverais point les tendres hallalis ! Je combattrais fièrement, les pieds ancrés dans mes bottes fourrées !^[24]

Vos bottes, fussent elles d'Italie voire de Nice, ne font point de vous un marquis ni de nous des anges; ne restez pas bée, vous le savez, mais consolez vous, parfois il m'arrive de redevenir Angélica…^[25]

Angélica, n'en soyez pas certaine ! Vous m'en voyez attristé ! Mes chausses sont d'éternelles combattantes de mécréants et de jupes en falbalas ! J'en témoigne. !^[26]

Elles n'ont piétiné que les jupons de falbalas d'Obélix, ne prenez point ombrage monsieur si je mets un asterisque quand je relaterai vos exploits dans mon journal intime, ce sera pour dire que vous aviez l'accent de la sincérité, celui du conteur de la sardine dans le port de Marseille^[27]

Hélas de Marseille il ne connaissait que le pastis, et pour les "culs" que celui des bouteilles^[28]

Des bouteilles à la mer, il en avait jeté, espérant que ses mots atteigneraient ses rivages et la fassent chavirer, mais il semblait échouer.^[29]

Chavirée, elle l'était, bel et bien, non par ses mots, mais par ses regards de braises qui en disaient plus long sur ses désirs d'éperdu énamouré.^[30]

L'énamouré au regard brûlant était aveugle .. la mouette rieuse au-dessus d'eux voyait la gorge de la belle, vouloir affoler, non point les regards du sieur lion mais ceux de son second; Angelica sut à cet instant que le galion lui appartiendrait au premier sourire mutin…^[31]

Mutin mon sourire mais je m'oppose facilement Angelica, à ceux qui veulent tenir les rênes, alors je vous en prie, ne me serrez pas la bride...^[32]

La bride, dites-vous ? Vous seul vous plaisez à vouloir de mes corsages desserrer les lacets déjà forts lâches.^[33]

J'entends dire que lâches sont les hommes qui hurlent leur lacis d'émotions… comme on sculpte une larme, au fronton des maisons ! Non ! Je dis et le confesse, ils ne font qu'apprécier l'éternelle Ophélie, celle qui sculpte un regard au coin d'un confetti.^[34]

Oui, ceux-là donneraient leur âme à l'Ophélie des marécages de leur passion, et ce qu'il reste en eux d'humain tremble, et plie comme le roseau.^[35]

Le roseau ne rompt pas, sa force est sa faiblesse qui le rend girouette au vent^[36]

Pauvre Girouette ! Ne sachant plus d'où venait le vent, acheta un billet et s'en fut par le train^[37]

Le train siffla trois fois avant de filer à toute vapeur vers l'horizon rougeoyant^[38]

Mais pour le coup, le rougeoyant paysage se fit celui de la béante gueule d'un gigantesque et obsessionnel dragon, qui roulait des yeux féroces en grondant, enroulé sur ses fantasmes.^[39]

Fantasmes fantasmes.. faut pas pousser.. grommelle le pompier sa lance en main, moi je dirai carrément enflammé le paysage!!^[40]

- Bande d'enflammés râle la lance, je vais le dire à Mélusine foi d'Excalibur !^[41]

L'ex-d'Cali burné ? Je ne savais pas ! Pourquoi donc ? Il n'avait pourtant pas l'air d'un gros phallocrate ! Moi, je le dis : tout ces ragots ne sont que des billevesées ! ! ^[42]

Billevesées ; billes renversées au hasard des cahots d'une carriole dans un chemin creux ; qu'en pense le Petit Poucet ?^[43]

Le Petit Poucet se renfrogne à ces mots : atta' faudrait voir à pas pousser mémé dans les bégonias non plus !^[44]

Bégonias bégonias.. grommelle le pompier je voudrais bien l'y voir moi dans Voici le falot crade avec ses burnes à l'air, gisantes^[45]

Gisantes sont les lances une fois le feu éteint, des pompiers falots et fatigués qui gromellent au long des parterres.^[46]

Par terre, debout, assise la foule en délire regardait le spectacle: une jeune fille au regard éteint contemplait un flic squelettique essayant de garer dans un mouchoir de poche, sa Torpedo^[47]

Prenant Torpedo pour turpitudes, un farfadet dont la cabane avait explosé, se jeta sur le flic, et se répandit en grossières épanadiploses.^[48]

Stoïque le flic épanadiplosé mais toujours squelettique bien que gonflé par le farfadet farda ledit fardadet de coton-poudre et fit feu sans férir^[49]

Sans férir ? Facile ! Fut-il faussement fat ! Fossile ! Finaud ! Fissible ! Fusible ! Foutaise ! finauda follement une très gracile femme qui marchait sans à coups !^[50]

Gracile, gracile c'est vite dit! C'est sur qu'à coté du fossile décharné qui l'accompagnait, elle semblait plus accorte^[51]

À Corte, en son île de rêve, entre mer et montagnes, elle pouvait être aguichante la Belle !^[52]

Aguichante aguichante oui mais à guichets fermés grommelle le berger, c'est pas du violon qu'elle joue la Belle aux hommes c'est de la menterie…^[53]

Menterie faramineusement éhontée, elle dit : j'aime les brocolis^[54]

Elsa recherchait les colis des brocs car il falait mettre de l'eau sur la table. Sylvain l'interpella: j'apporte le vin, ne casse pas le carafon^[55]

Le carafon cassé, aussitôt le berger décoré sans chorée bricola un colis de brocolis, chicorée et chocolat pour la collation de la belle colombe, de crainte d'un collapsus collatéral^[56]

Dommage collatéral ? Non, sûrement pas. Le seul responsable de ce sombre destin c'est Jean FOOTIST, cet adepte de la procrastination^[57]

Procrastination, cette délicieuse fuite en avant, cette façon insolente de venir jouer dans les mâchoires rugissantes du temps redoutable^[58]

C'est avec une redoutable insolence que le dompteur fit face aux machoires rugissantes et sans vergogne podzolisa l'arène.^[59]

La scène podzolisée, la reine sniffa et zappa Franck aux fins fonds de la cène pour se repaître de son festin^[60]

Le festin était gargantuesque, pourtant, la reine n'en laissa pas une miette. Puis elle se leva d'un bond, tituba et hurla : "qu'on m'apporte mon infusion de chèvrefeuille, séance tenante !"^[61]

Sur ces hauts cris, la chèvre effeuilla le rosier plus que centenaire de l'arrière-grand tante Aglae, car elle était au diapason de la reine de coeur. Puis, repues toutes les deux, elles allèrent compter fleurettes aux pastureaux.^[62]

Le plat de brocolis en fleurette semblait appétissant, mais le chèvre tout à son festin d'écorces de bouleau, le dédaigna, préférant zieuter du côté des salsifis.^[63]

Hého salsifis somme ka, joutours les mêmes qui se font fouber, y a qu'à aussi pendant qu'on y est souper mémé dans les torsies en pijmoiça.^[64]

La reine sortit furieuse de ses appartements en pijmoiça de soie fuchsia et se prit les pieds dans le lourd tapis d'Antalya, cadeau de sa belle-mère. Elle tomba, tête la première et, en recouvrant ses esprits, eut la surprise de croiser le regard amusé d'un toucan qui tenait en son bec une branche de ginkgo.^[65]