Quand on a une crise d'asthme, on manque d'air. Quand on manque d'air, on a du mal à parler. La phrase est bloquée par la quantité d'air qu'on peut sortir des poumons. C'est bien peu, environ trois à six mots. Ça inspire du respect pour le mot. On passe parmi les tas de mots qui vous viennent à l'esprit. On choisit les plus importants. Et pourtant, ils vous coûtent. Ce n'est pas comme les gens sains qui sortent tous les mots accumulés dans leur tête, comme on sortirait des poubelles. Pendant une crise, quand quelqu'un vous dit : "Je t'aime beaucoup", il y a une différence. Celle d'un mot. Et un mot c'est beaucoup, parce que ça peut être 's'asseoir', 'ventoline' ou même 'ambulance'.[1]

Notes

[1] Crise d'asthme - Etgar Keret - ©Acte Sud