Quelqu’un était là. Quelqu’un qui épiait le moindre bruit, la plus infime perception de souffle. Quelqu’un qui cherchait à nuire. De toute évidence.

Le réveil égrainait les secondes. Le téléphone sonna en chantonnant "La cucaracha…". Grotesque.

- La cucaracha, ya no puede caminar !

Puis le silence se fit et une voix bien connue de moi.

- Vous êtes chez Marjorie, je ne suis pas là ! Et oui ! Je suis encore en vadrouille ! Laissez-moi un petit message après le bip sonore ou passez votre chemin ! Biiiiiip !

Le "Biiiiiip " c'était la voix qui le disait. Amusant.

La fille s'appelait donc Marjorie.

- Allo ? Marjorie ? Réponds ! Réponds !

Le combiné raccrocha…

La braise fit un pas en avant. La lumière rougeoyante descendit. Elle se trouvait au niveau du sol. ça rampait…

S’agissait-il d’un homme ? Un animal ? Un être hybride ?

Se laçait-il les chaussures ? Regardait-il sous la table centrale de la pièce ?

J'entendais comme un sifflement.

Au-dessus, je percevais le remue-ménage des voisins. Pouvais-je les alerter ? Comment ? Si je criais, auraient-ils le temps de voler à mon secours ? Le feraient-ils ? Qui encore se dérangerait pour ça de nos jours ? Même lorsqu’ils entendent des cris… Les gens continuent de regarder leur téloche… C’est un truc si banal !

Je percevais maintenant l’odeur de la fumée… Une cigarette blonde… De toute évidence… Celle du cow-boy à cheval… Un serpent fume-t-il ?

Téléphone à nouveau puis répondeur, et une voix tremblante qui hurle :

- Je sais que vous êtes là ! Je vous observe !

La braise se verticalise à nouveau. Elle bouge un peu. Elle avance vers le téléphone.

- Cette opération est nulle ! Je vous donne ordre de partir ! Et de prendre la cassette du répondeur par la même occasion !

La braise décroche le combiné.

- Ta gueule, Max ! Pourquoi ? Ah… Mais… Je… Ah bon… Pourtant… Je… Tu crois… D’accord.

Bruit d’ouverture du répondeur. La porte claque.

Je viens de m'évanouir. Une odeur âcre s'est répandue dans l'appartement.