Je n’ai pas de mot. C’est rare. Mais c’est ainsi. Ma colère est au-delà des mots. Mon courroux est indicible. Je vois ici des fusils, et des arrestations contre des pacifistes, je constate des suicides sociaux, presque inaperçus dans le vide d’une fenêtre à forme de petit écran… Je vois là-bas la misère, l’oubli, la persécution, l’ignominie. J’observe avec un profond chagrin un pays voisin qui se disloque dans l’indifférence. Au nom de quoi tout ça ? De l’argent, du profit, du pouvoir de quelques uns, de la pauvreté des autres. On nous fait croire que diminuer notre pollution, ça ne sert à rien face à de très gros souilleurs.
Pendant ce temps, Fernand, Jeannot, Yvette et Marianne regardent la télévision. Tiens ! Les maillots bleus de l’équipe de France sont presque noirs. Ah ! Ce sont les All Blacks, les gars en bleu pâle. T’as vu l’arbitre, on dirait Henri du service comptable ! Tu m’en diras tant! Putain ! Ce Chabal quel déménageur ! C’est pas le Président dans la tribune d’honneur ? Et le Premier Ministre avec cette écharpe qu’il a l’air de porter comme on porterait un accordéon dans la grande galerie des glaces ! Avec indélicatesse. Tu me fais trop rire Jeannot ! Allez ! Je t’en jette un autre ? Une chips, Marianne ?
Non, je n’ai pas de mots pour vous raconter tout ça.
- Hé ! Jean ! On a gagné ! On a gagné ! On est des champions, on est des champions, on est, on est, on est des champions !
Comment appelait-on cela dans l’Antiquité ? Dites ?