- Mais Seigneur des Ténèbres, j’essaye de faire au mieux ! On les dit agréables mes discours !
- Qui donc dit ça ? Je ne veux pas qu’ils soient agréables, je les veux percutants ! Je les veux anesthésiants ! Les gens aiment les phrases courtes, les adjectifs simples, le style syncopé ! Des formules qui se comprennent dans le bus, le métro, les chiottes ! Je veux qu’ils s’adressent au cerveau primitif !
- J’utilise pourtant ce que tu nous as expliqué à propos de la pub ! J’alimente les journaux, les blogs, le qu’en-dira-t-on, la rumeur, la médisance, le commérage… Je lance des papotages pour que toi, tu puisses t’occuper tranquillement de ton job : la guerre, la misère, la tromperie ! Je mets du rythme dans mes phrases, j’enrobe de bons mots, comme tu me l’as enseigné, grand maximum 300 mots de vocabulaire ! Enseigné en saignant. Trop marrant ce jeu de mots, non ? Ô Grand Malin !
- Ce n’est pas suffisant ! Tu ne fais pas assez de chiffre ! Sois plus enjoué ! Sois vulgaire mais pas trop ! Fais jeune mais pas trop ! Fais intello mais pas trop ! Balance du salace, des salades, de la salsa, des saumons, des saucisses, du salpêtre ! Et arrête de me flatter comme si j’étais un de tes simples lecteurs !
- La Salsa du Démon n’a pas suffit ? Et si je devenais nobélisable ? Hein ? C’est pas une bonne idée ? J’dis ça, j’dis rien.
- Pourquoi pas en effet ! C’est ça qu’il me faut ! Deviens Nobel et dis des âneries plus grosses que toi ! C’est bon ça coco ! Beaux discours, belle récompense mais de la haine en perspective, de la provoc’ ! Mais pas Nobel de Littérature ! Ce serait trop gros ! Deviens Nobel de Physique vieillissant ! On tient un bon coup !