Je l'ai très vite repérée. Mais qu'elle était lente !
Là, je déambule dans la rue où je dois récupérer le blé.
Il a plu. Le sol est encore luisant comme la crosse d'une arme. On m'a précisé : "L'épicerie sera facilement reconnaissable, toujours ouverte même à minuit. Sous le parasol rouge, tu observeras des tas de fruits. Les bananes seront mûres. Je répète : Les bananes seront mûres. Tu dégotteras sous le panier d'osier l'enveloppe. Que de la petite coupure ! Et je sais que pour toi, la coupure c'est très pro !"
J'ai un peu le blues en cet instant de solitude. Une sorte de zigzag me conduit vers le magasin. Une rigole qu'on dirait une estafilade. Au loin, j'entends encore les sirènes des ambulances. Une ambiance d'after pour moi. La routine.
Ceci dit, je n'aurais pas du zigouiller toutes ces personnes qui mangeaient. J'avais dit que je voulais voir la fin du match de foot et la môme ne sortait pas ! Ce n'est pas ma faute ! Alors, j'ai buté, dézingué, occis, tué, massacré.
Mais avec tact et professionnalisme.
Maintenant, je vais devoir laver ma chemise à la javel parce que le sang sur le blanc, ce n'est pas simple comme dit ma taulière !
Sauf peut-être si je pique un citron. On dit que ça peut enlever les tâches de sang.
J'espère que je ne vais pas me faire serrer à cause de ça ! Ce serait trop bête !
Faut pas aussi que je rajoute du sel ?