Lorsque j'étais enfant, mon père et moi nous rendions assez souvent au Vieux Port, le samedi matin.

Nous nous promenions un peu autour du Lacydon et vers la fin de matinée, au moment où les pêcheurs commencent à retirer les étals, mon père achetait du poisson.

Généralement, à ce moment là, les prix sont très attractifs parce que les vendeurs ne souhaitent pas reprendre le fruit de leur pêche. Ils pèsent comme on dit ici "bon poids" et rajoutent des tas de choses.

Le dernier week-end, de la même façon, nous nous sommes trouvés dans cette situation.

Et là pour une dizaine d'euros, j'ai pu faire l'acquisition de tas de beaux poissons (raies, daurades). Le pêcheur a pesé le poisson que j'avais demandé et a rajouté la même quantité comme ça… Son accent fleurait bon, il était buriné et ses doigts étaient de ceux qui manipulent les cordages, les ancres et les filets.

Des effluves de souvenirs m'ont envahi. J'ai pensé très fort à mon père (mort à l'âge de 49 ans d'un infarctus), à sa vie modeste, à son amour pour sa femme et ses enfants…

Le temps s'était un peu arrêté. J'avais voyagé dans le passé.