La Comédie du Livre qui s'est déroulé à Montpellier a mis cette année les auteurs nordiques à l'honneur.

Ici, nous aimons cette littérature, notamment les polars. Découverts avec Millenium de Stieg Larsson, puis avec Henning Mankell et son personnage principal Wallander, Camilla Läckberg, Jo Nesbø, Mons Kallentoft, Arni Thorarinsson et surtout Arnaldur Indriðason.

Ces auteurs finlandais, suédois, norvégiens, danois, islandais apportent un climat, une façon de raconter, une relation attachante avec leurs personnages qui nous plaisent beaucoup.

Je dis nous, -non pas parce que je parle à la 1ère personne du pluriel mais plutôt- parce que la plus passionnée de la maisonnée reste ma douce.

Aussi quand nous avons su qu'à quelques centaines de kilomètres nous pourrions rencontrer pas mal de ces auteurs (et d'autres que nous ne connaissions pas), aussitôt nous nous sommes décidés.

C'était aussi l'occasion de voir une blogamie de longue date (que nous n'avons pas pu vraiment voir tant elle était occupée, c'était bien ainsi. Le plus important c'est le travail, l'épanouissement et les regards qui se retrouvent même furtivement).

Cette manifestation montpelliéraine fut un enchantement. Organisation vraiment de qualité, lieux assez magiques (La Panacée, le Centre Rabelais, La Grande salle du Corum, les différents stands, dédicaces aisées, rencontres faciles et puis les rencontres avec les auteurs autours de thèmes bien préparés).

On y a parlé magie, extraordinaire, froid, amitiés, solitude, crime, suspens, érotisme, romance, écriture à deux, golem, Hollywood, Hiroshima, enfance, adolescence, mort et façon d'écrire.

Les 3 moments les plus intenses furent la rencontre avec Jørn Riel, extraordinaire jeune homme de plus de 80 ans, vif comme le blizzard, auteurs de plus de 100 racontars, petits récits drôles, philosophiques empruntant au quotidien et à la solitude, la transmission orale… De petites histoires ciselées, minutieuses, humoristiques sur le ton de ce que l'on se raconte à la veillée… Avec parfois le comédien Dominique Pinon qui donnait vie aux personnages et aux descriptions et la charmante Susanne Juul qui est la fondatrice de la Maison d'édition Gaïa

Deuxième grand moment, les paroles de Sigurjón Birgir Sigurðsson, parolier de Björk, sa façon de vivre l'instant présent et de parler de la mort, de la vie et des choses qu'il faut savourer.

Puis vint le moment de Luis Sepúlveda, rien de nordique mais un grand témoin.

Celui que je connaissais pour Le monde du bout du monde et Le Vieux qui lisait des romans d'amour, se révéla pour moi un homme engagé, énergique, passionné pour les mouvements citoyens. Acteur de ses idées. Prêt à partir sur le terrain. Il raconta des instants passés avec Gabriel García Márquez (qu'il appelle Gabo) puis nous parla de la République Orientale de L'Uruguay et de son président Tabaré Vázquez et surtout de José Mujica qui délaisse les fastes du Palais présidentiel, utilise sa vieille Volkswagen, cultive toujours son potager parce que ça lui plait, redistribue une grande partie de son salaire pour le service public, ne conservant que le revenu moyen que perçoit un uruguayen, et qui lors du terrible hiver 2012 a fait en sorte que le Palais présidentiel serve d'abris aux démunis.

Ce style de présidence a fait passé le pourcentage de personnes qui sont au seuil de Pauvreté, de plus de 50% au moment de l'élection à 10% de nos jours

Là-bas aucun objectif de croissance comme fin en soi. On essaie de baisser la pauvreté. Mille petites actions. Des décisions.On ne fait pas de la politique pour gagner de l'argent ou se passer le témoin de père en fille. On ne cumule pas les mandats, les jetons de présence, les honneurs à tout prix.

Ces jours, ces mots, ces sensations de bien-être et de paix vont rester longtemps dans ma tête comme aussi cette vision des traducteurs que l'on applaudit pour leur travail. Catherine Eyjólfsson dame aux longs cheveux blancs, au doux visage qui a fait découvrir Auður Ava Ólafsdóttir ou Steinunn Sigurdardóttir, juste parce qu'elle aimait ses auteurs et voulaient partager.

Le lendemain je votais pour les Européennes. Le résultat fut annoncé vers les 20h. J'eus honte pour mon pays.

Tout ça nous éloigne bien sûr un peu de la Comédie du Livre et de mon récit. Mon texte est un peu chaotique mais c'est ainsi que les jours se sont déroulés.

J'en garderai un souvenir aigu.