[287/365] Admirer la mer…

Hier après midi, je l'ai retrouvée dans la salle commune avec les autres pensionnaires.

Je l'avais quittée en train de parler. Je l'ai retrouvée dans la même situation. L'aide soignante m'a souri. Elle m'a dit qu'elle faisait des progrès dans l'indépendance fonctionnelle. Elle mange sans aucune assistance, reste debout dans la salle de bains pour les soins du matin. Elle ne peut malheureusement marcher longtemps et se retrouve donc en fauteuil pour le reste de la journée.

Elle parle, parle, parle… Sans discontinuité.

Les propos sont incohérents, les phrases sont laissées en suspens, un mot, un verbe. Un arrêt puis ça repart.

Lors de la promenade dans le jardin, comme il faisait beau nous nous sommes attardés devant quelques fleurs puis nous avons emprunté un chemin vers une sorte de lieu de repos avec des fauteuils et des chaises. Il faisait beau. Il y avait des chatons d'une portée récente. Des tas.

Tout au long du parcours, fait inédit depuis longtemps, elle a cité mon prénom dans des phrases où je n'étais pas celui qui était devant elle, mais une sorte de personnage. Cela a duré une vingtaine de secondes.

J'étais très heureux. Ma mère se souvenait de mon prénom ! Une connexion avait pu être retrouvée dans son cerveau/ labyrinthe !

Durant vingt secondes, j'ai eu le sentiment de me retrouver face à l'horizon sur un rivage.

Les mots ne servent plus à rien dans ces moments-là. On ferme les yeux. On écoute. On hume le vent. On en arriverait à sortir de soi et à retourner dans le passé. Moment fugace mais plein.