[Explored] 179/365 - St. Mary the Virgin - Oxford - The observer

Lejos del mundo, lejos
del orden natural de las palabras;
lejos,
a doce mil kilómetros
de donde el hierro es casa para el hombre y crece
como una rara flor enamorada de las nubes;

lejos del crisantemo, del ala suave del albatros,
de los oscuros mares que blasfeman de frío;
lejos, muy lejos de donde la medianoche es habitada
y nos dicta la máquina su voz sobresaliente;
lejos incluso de donde ya quedó atrás la esperanza,
de donde el llanto nace muerto o se suicida
antes de que lo ahogue la basura;

lejos de donde los pájaros odian,
de donde te hablan de amor hediondos lobos y te invitan
a un lecho de marfil;

lejos de donde los jardines atentan contra su belleza
con los cuchillos que dona el humo;
lejos,
lejos,
lejos de donde el aire es una gran botella gris;
de donde todos ofrecen terribles pompas de jabón
y ángeles depravados beben con niños cínicos
el veneno de la apostasía contra todas las auroras que pueden;
lejos de la murmuración de las máscaras;
lejos de donde las desnudas no ciegan con la luz de su piel;

lejos de la consolación de los vómitos;

lejos de la sensualidad del pantomimo,
de la resaca de sus imprecaciones sin fondo;

lejos, terriblemente lejos
de donde corretean por las calles los monstruos de seda,
de donde los bosques tiemblan derrocados y huyen
de donde cada llave tiene una puerta que la espera sin sueño;

de donde germina ciega la música del oro
y ladran desatadas las jaurías de cobalto;

lejos, definitivamente lejos
de donde muere el mártir lapidado por la mofa
y el santo es un payaso que se queda callado.

Roque Dalton - LEJOS DE MI PATRIA

Je connais peu l'œuvre de ce poète mais ce texte m'avait ému. Je lui prêtais sans doute d'autres intentions que celles voulues par l'auteur.

Traduction de Colo (un immense merci à elle !)

Loin du monde, loin
de l'ordre naturel des mots;
loin
à douze mille kilomètres
d'où le fer est maison pour l'homme et grandit
comme une fleur rare amoureuse des nuages;

loin du chrysanthème, de la douce aile de l'albatros,
des mers obscures qui blasphèment de froid;
loin, très loin d'où minuit est habité
où la machine nous dicte d'une voix saillante;
loin même d'où l'espérance est déjà à la traîne,
d'où les pleurs naissent morts ou se suicident
avant que ne les noient les ordures;

loin d'où les oiseaux haïssent,
d'où des loups répugnants te parlent d'amour et t'invitent
sur un lit en ivoire;

loin d'où les jardins attentent à leur beauté
avec les couteaux donnés par la fumée;
loin,
loin,
loin d'où l'air est une grande bouteille grise;
d'où tous offrent de terribles bulles de savon
et où des anges dépravés boivent avec des enfants cyniques
le poison de l'apostasie contre toutes les aurores possibles;
loin du murmure des masques;
loin d'où les femmes nues n'aveuglent pas avec la lumière de leur peau;

loin de la consolation des vomissements;

loin de la sensualité de la pantomime,
du ressac de leurs imprécations sans fond;

loin, terriblement loin
d'où traînent dans les rues les monstres de soie,
d'où les forêts dévastées tremblent et fuient
d'où chaque clé a une porte qui l'attend sans rêves;

d'où germe, aveugle, la musique de l'or
et aboient, déchaînées, les meutes de cobalt;

loin, définitivement loin
d'où meurt le martyre lapidé par la moquerie
et le saint est un clown qui se tait.