Aujourd'hui encore une grosse chaleur nous étouffe. Un peu de vent salutaire mais il fait très chaud.

La climatisation est réconfortante pour les patients de l'Unité où se trouve ma mère. Il y a des carafes d'eau fraiche et un peu d'ombre sous les arbres.

Nous nous baladons dans le parc, ma mère parle peu maintenant… Quand elle le fait les mots sont confus.

Elle a souvent les yeux dans le vague.

À un moment, nous nous arrêtons un peu, plaçons deux chaises à côté de son fauteuil roulant et je parle doucement. À mi-voix. Je lui parle de ma sœur et de moi.

Mes mots sont là et se fracassent contre le silence, le vide et l'absence.

Elle ne semble pas m'entendre puis j'insiste un peu plus en plaçant la paume de ma main sur son épaule et en tapotant un peu comme quand on veut communiquer avec un proche pour lui dire "ça va aller… ça va aller"

Là, elle me regarde et elle me dit "Je sais mon fils…"

Puis le voile se referme et l'obscurité de sa conscience s'empare d'elle.

J'en aurais pleuré.